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dimanche 8 avril 2012

Rawa Island


Hier j'aurais mieux fait de me taire et de ne rien réserver pour aujourd'hui. Ce matin il faisait beau, malgré la présence de quelques nuages épars qui formaient un voile gris peu épais. Rien d'inquiétant j'ai l'habitude sous les tropiques, j'appelle ça le voile de la nuit. Il ne résiste pas aux rayons du soleil quand ils se font plus forts. Seulement peu après 8 heures j'ai entendu quelque chose qui ressemblait au tonnerre, recommençant quelques minutes plus tard. Mais le soleil était toujours là. Je me suis, donc dépêché de préparer mes affaires pour être prêt lorsque le taxi du PIR viendrait me chercher. Des taxis comme ça, j'en prendrais bien tous les jours. Il avait un peu de retard, ce qui m'a permis de m'asseoir sur le sable et de regarder le ciel de manière plus précise. La côte de la Malaisie était plongée dans le noir complet. Ce n'est pas la première fois que c'est comme ça, avec le relief là bas, ils ont souvent mauvais temps. Le vent soufflant d'est, les nuages qui venaient de par là bas n'étaient pas trop nombreux, laissant 50% de ciel bleu. Ça ne m'inquiétait pas plus que cela.
Quand je suis arrivé au PIR, on m'a fait patienter pendant une demie heure jusqu'à ce qu'un type gêné vienne me voir pour me dire que la sortie pour Rawa Island était annulée faute de participants. Il leur faut un minimum de 6, nous n’étions que trois inscrits et deux viennent d'annuler. Ils auraient pu me parler de ce nombre minimum hier, avant de me faire venir ici. Ils se proposaient à la place de m'emmener faire une sortie snorkeling ailleurs, à Teluk Keke où j’étais hier. J'ai décliné tout en réfléchissant. En fait je pouvais rebondir en demandant un taxi pour Long Beach, sur Perhentian Kecil, la plus petite des deux, que je n'ai pas encore explorée. Je suis donc retourné voir le gars qui était passé me prendre ce matin. Il aurait pu m'y amener pour faire ses affaires mais il m'a informé d'aller voir au resort voisin qui propose d'ordinaire une sortie vers Rawa avec un départ normalement imminent. En effet, il y avait bien une sortie au Coral View Resort et ils pouvaient me prendre, 9 personnes étant déjà là à attendre. Finalement ça s'arrangeait. Ou presque, car le départ a été retardé par une averse diluvienne qui s'est abattue soudainement. J'étais un peu inquiet de ce que cette journée allait nous réserver. Mais le soleil a refait son apparition et nous avons pris la direction de Rawa.
Rawa est une île qui ne ressemble à rien quand on s'en approche, c'est juste un rocher dans la mer qui sert de promontoire aux oiseaux de mer pour y chier. Mais de l'autre côté se cache une petite plage de sable blanc. Elle ne rivalise certes pas avec Turtle Beach mais elle reste très jolie. J'ai plongé pour voir mais je suis ressorti rapidement, déçu de voir tous ces coraux morts que des poissons hagards essayaient de brouter désespérément. Il n'y a a rien de plus déprimant que des coraux couchés et empilés, sans couleur, comme une fosse commune remplie de squelettes. Quand je suis sorti le ciel est devenu d'un noir menaçant, arrivant droit vers nous. Je n'avais jamais vu un ciel d'une telle noirceur. Ça promettait d’être quelque chose. J'ai rapidement cherché un coin où mettre mes affaires au sec, sous un rocher et je suis allé à l'eau en attendant le déluge. Tout le monde m'avait imité et on était comme des cons le nez en l'air à attendre que ça n'éclate. 
Mais ça s’est délité au fur et à mesure de sorte qu'il ne restait que des nuages d'un gris normal au dessus de nous. On a donc repris la mer en direction de notre prochaine escale, le phare sur la côte ouest de Kecil. Le mauvais temps avait fait se lever la mer, caressée à rebrousse poil par un vent qui avait changé de direction, amenant les nuages dégueulasses qui étaient sur la péninsule malaisienne ce matin. Il y avait de beau creux et c'est comme si j’étais du mauvais côté, je n’arrêtais pas d’être saucé au point de ne pouvoir garder les yeux ouverts. J'avais mon sac à dos sous un gilet de sauvetage, enroulé dans une serviette, avec mes cartes bleues et l'appareil photo. Je me faisais du souci quant à leur santé. Pour la mienne aussi !
Le capitaine a demandé à tout le monde de sauter à l'eau quand on est arrivé au phare, un truc miniature en béton de quelques mètre de haut, avec la promesse de contempler de magnifiques coraux. 
La meilleure façon de se mettre à l'abri c'est de se baigner!
Je n'ai pas plongé, la capitaine insistait et je lui ai répondu « I'm freezing » ! J'étais tétanisé, tremblotant, après toute cette flotte que je m'étais reçue sous un vent de fou. J'ai mis sur mes épaules la serviette qui était trempée et que j'ai dû essorer mais c'était mieux que rien. Les autres partis, j'ai pu accéder à une niche à l'avant de la barcasse où j'ai pu mettre mon sac à l'abri. Au bout d'un moment on est parti mais ce n'était pas fini pour autant, la sortie était prévue pour durer 3 heures et le capitaine tenait absolument à tout nous faire voir. C'était gentil de sa part mais avec la météo j'aurais préféré qu'il abrège mes souffrances. Car à présent il s'est mis à pleuvoir des cordes cinglantes, comme si on me fouettait. Les gens sur le bateau faisaient tous des grimaces de douleur, sauf le capitaine, protégé derrière son espèce de vitre en plexiglas. Il y en a même une qui s’est couchée au fond de la barque ! 
Les autres étaient plus endurants car ils se sont jetés à nouveau à l'eau, au signal donné par le capitaine, pour voir des tortues, sautant tous en même temps du même coté et manquant de faire chavirer le bateau. J'ai bien cru qu'on allait couler ! Comme la tortue fichait le camp devant tout ce vacarme l'opération a été réitérée maintes fois, le capitaine pourchassant cette pauvre tortue et indiquant le moment opportun pour sauter. Un des passagers qui me voyait immobile sur le bateau, une main crispé sur le bord que rien n'aurait pu décrisper m'a demandé « Do you enjoy enough ? ». J'ai dit oui dans un sourire figé. Si on fait fi des circonstances, alors oui c'est sympa ! Mais là je prends sur moi attendant l'heure de la libération stoïquement.
Quand enfin cette sortie s'est achevée, je suis sorti de là d'un bloc, titubant, n'arrivant même pas à plier les jambes tellement j'étais raide ! J'étais d'une maigreur à faire peur, décharné, tout était rentré en moi ! J'ai traîné mes guêtres humides jusqu'au PIR où j'ai pris un sandwich. 
Après, je me suis un peu allongé sur un transat pour récupérer, avant de prendre le chemin de la jungle pour rentrer. Au passage j'ai oublié dans la débandade mon masque et tuba quelque part au PIR. Tant pis, je n'allais pas rebrousser alors que le ciel devenait à nouveau très sombre. Une fois arrivé de l'autre côté il s’est mis à pleuvoir et j'ai dû attendre que ça passe pendant une demie heure, à côté d'un centre de plongée où l'instructeur, un malaisien, m'a dit « it's so cold », allant chercher un sweat-shirt. Viens faire un tour en France, tu comprendras ce que froid veut dire ! J'ai fait le tour de certains taxis-boats mais ils ne voulaient pas m'amener en raison de la mer démontée. Ce sont bien des peureux, elle n'était pas démontée de ce coté là et puis le Bubbles est à peine à 10 minutes en bateau. J'en ai trouvé un qui a accepté et qui m'a envoyé un môme de 10 ans ! Quand on s'est retrouvé en pleine mer dans des creux, je me suis demandé si c'était bien prudent d'être là avec un gamin sans expérience de la mer vu son âge. N’empêche, il a été prudent, ralentissant quand les creux devenaient plus profonds, comme un pro ! Il a été formé à la bonne école. Depuis que je suis rentré, la pluie n’arrête pas de tomber en déluges sur le toit de la salle de restaurant qu'ils ont bâchée sur les côtés. C'est une ambiance de fin du monde, on n'entend même plus les gens parler tellement la pluie fait de bruit. Serait-ce le retour de la mousson ?

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