Pattaya Beach |
J'ai l'impression d’être
un businessman, toujours entre deux avions ou deux bateaux. A
toujours dormir dans des lits différents, je ne sais jamais de quel
côté en descendre, où est ma montre, où est l'interrupteur, où
sont les objets dangereux dans lesquels je peux me retourner un doigt
de pied ! Par contre tout marche comme sur des roulettes, c'est
devenu un automatisme. Changer d'endroit ne me pose plus les soucis
du début quand je trouvais que je changeais trop souvent d'endroit.
A 7h30 j’avais donc mon taxi qui m'attendait pour me rendre au
port, juste après avoir eu le temps de prendre un bon petit
déjeuner. Je suis arrivé trop tôt. Il était écrit sur mon billet
que je devais y être 1 heures 30 avant. Tout était fermé, les
guichets n'ouvrant qu'à 9 heures. C’était malin ! Ils ne m'y
reprendront pas pour le retour ils demandent cette fois d’être là
deux heures et demie avant. Pour prendre un bateau, c’est du grand
n'importe quoi ! Certes il y a un formulaire à remplir pour les
douanes mais ça ne prend pas des heures à écrire.
Telaga Harbour, Langkawi |
Une fois le
formulaire rempli, ils nous confisquent le passeport qui est redonné
ensuite à destination par un agent des douanes. Car on change de
pays. Koh Lipe est en Thaïlande là où Langkawi est en Malaisie.
Les îles sont juste distantes de 25 kilomètres mais on change aussi
d'heure. Une absurdité ! La Thaïlande est à 5 heures de
Paris. Je vais finir par être à l'heure de Paris, mais ça c'est
pour après. Il me reste encore deux belles semaines. Certains se
feraient une joie de prendre l'avion pour découvrir Paris, moi pas.
Si je n'y vivais pas, ce serait peut être différent, encore que je
n'aime pas les villes...
En attendant
l'embarquement, je suis allé tirer de l’argent, tout ce que la
carte pouvait me donner, que je suis ensuite allé faire changer
contre des baths. Car à Koh Lipe il n'y a pas de distributeur et la
plupart des commerces ne prennent pas la carte bleue. En plus, comme
je ne vais pas seulement à Kop Lipe mais que je dois me rendre aussi
sur une île quasi vierge, ce bureau de change tombait à point.
Les dents de la jungle! |
Après, j'ai été alerté par les exclamations d'anglaises assises à
côté de moi. C'est le retour de la « jungle mafia » !
C'est le matin, ils ont faim, ils arrivent tous suspendus par des
lianes, avec les bébés accrochés sur le ventre, pour piquer des
trucs laissés sur le parking. Ils embarquent avec eux les restes de
grosses noix de coco encore vertes, celles qui ont juste été
utilisées pour leur jus. C'était comique, ils mordaient là dedans
en essayant de l'éplucher pour atteindre le centre. Je ne suis pas
sûr qu'ils y arrivent, une noix de coco c'est impossible à ouvrir.
J'ai un peu peur qu'ils n'y laissent leurs petites dents. Et des
dentiers à macaques je ne suis pas certain que ça se trouve
facilement ! Les petits jouaient entre eux pendant ce temps
tandis que d'autres montaient la garde...le cul assis sur la ligne
blanche de la route ! J'ai pu m'approcher de plus près mais pas
trop. Ils n'aiment pas qu'on leur pointe un appareil photo vers eux,
ça les rend acariâtres.
J'ai pas l'air le bienvenu! |
Ils commencent par émettre des petits
cris, plaquant le corps sur une branche, comme les chats prêts à
bondir, tournant leur tête de droite et de gauche et faisant des
bonds en avant comme s'ils allaient descendre en flèche pour nous en
coller une. En fait ils font juste des essais et s’arrêtent au
dernier moment. C'est pour intimider. Et ça marche. En général
devant une telle attitude on fait un pas en arrière, évitant de
faire les frais d'un lynchage en bonne et due forme d'une colonie de
macaques qui à plusieurs pourraient bien causer des ravages. Plongé
dans l'observation des ces satanées bestioles, je n'ai pas vu que
tout le monde avait embarqué et m'attendait...
Nous ne sommes que 9 sur
le bateau alors qu'il peut en contenir facilement dix fois plus. La
traversée ne dure qu'une heure. Une fois arrivé à Koh Lipe, les
formalités vont vite, on a juste à répéter de vive voix à
l'agent là où on réside et à présenter son ticket de retour et
le passeport nous est alors remis. J'ai regardé un plan de l'île,
je suis de l'autre côté, à Bila Beach.
Bila Beach |
Et c’est tant mieux, là
où nous avons débarqué, à Pattaya Beach, les établissements sont
à touche touche, dispensent de la musique bien forte avec des nuées
de clebs qui à cette heure là sont plus nombreux sur la plage que
les touristes, qui doivent eux essayer de dormir une fois les chiens
endormis. Ou du moins qui essayent car la plage est aussi très
bruyante en raison d'un nombre impressionnant de long-tails boats.
Bienvenue en Thaïlande ! Ce sont les bateaux locaux qui font un
bruit de tondeuse à gazon, le moteur étant hors de l'eau et faisant
tourner une hélice au bout d'une tige. L'avantage c'est que ça ne
relâche pas de mazout !
Sur le plan, Bila Beach
n'a pas l'air très loin, il suffit juste de traverser la plage et
d'emprunter un chemin qui mène de l'autre côté. Cela semble très
faisable à pied, plutôt que de prendre un long tail boat. Mais j'ai
regretté ! Bien que n'étant que 10 heures du matin, il faisait
très chaud et de marcher au soleil comme ça avec les bagages, ce
n'est pas une partie de plaisir.
Le camping de Mina Luna |
Je suais à grosses gouttes et
commençais à puer, mon déodorant étant terminé depuis quelques
jours. Mais le pire restait à venir : passer de l'autre côté.
Ça grimpe et le chemin serpente au lieu de filer en ligne droite.
Les bagages me blessaient les épaules, devant porter un total de 14
kilos. Ce n'est pas faute d'avoir cherché à voyager le plus léger
possible. Mais avec la tente et le matériel de camping qui
m'encombrent... Cette fois j'en ai besoin car sur l'île où je vais
après je vais y camper.
Quand je suis arrivé au
Bila Beach j'ai été accueilli par un rasta ! Eh oui il en
existe en version asiatique. Avec des dreadlocks qui lui arrivent au
cul tout pareil. Il était dans son hamac, visiblement peu enclin à
en descendre et pas très accueillant. Il m'a demandé si j'avais
réservé puis s'en est allé préparer mon bungalow, m'invitant à
patienter. En fait le gîte est tout petit, il doit y avoir en tout 4
cases en bambou construites sur pilotis à flanc de rocher.
Sanom Beach |
La plage
du Bila Beach doit faire 30 mètres de long et dispose de transats et
d'espèces d'estrades avec des matelas et oreillers où l'on peut
s'allonger. C'est très joli et je suis allé piquer une tête très
vite. Le rasta est revenu peu de temps après pour me dire que mon
bungalow était prêt. J'ai écopé de celui juste à côté et au
dessus du bar, à 5 mètres, qui passe de la musique toute la
journée. Pas de la musique stressante, du reggae surtout, et je me
faisais plus de souci pour les conversations du personnel. Ils sont
trois là dedans. J'ai demandé si je ne pouvais pas avoir un autre
bungalow mais on m'a répondu qu'ils étaient déjà réservés.
Pourtant ils sont encore vides, il suffirait juste de faire un
échange, je ne pense pas que les autres aient demandé un
emplacement particulier, les bungalows n'ayant pas de numéro. En
échange il m'a dit que le bar fermait à 22 heures. Je dois me
consoler avec ça. Quand j'ai mis mes affaires dedans, évidemment
j'entendais tout comme dehors. Ça commençait à m'inquiéter.
Rester 7 nuits là dedans ? Il fallait que je trouve une
solution de repli d'urgence où camper. Mais ça me fait un peu chier
de devoir payer quelque chose d'assez cher pour ensuite ficher le
camp pour camper ailleurs. En plus, quand je suis parti faire un
tour, je n'ai rien trouvé dans le secteur qui puisse accueillir la
tente. Dans la baie voisine il y a bien une plage « Mina Luna »
mais elle fait camping, un truc grand comme un mouchoir de poche,
déjà plein avec juste trois tentes installées. J'ai laissé tomber
l'idée de la tente et suis allé faire un petit tour de l’île.
Pattaya Beach |
Pattaya Beach |
J'ai deux buts
aujourd'hui : trouver une excursion en bateau pour demain et
trouver un ticket pour Koh Tarutao, cette île où je veux me rendre
ensuite. Je suis donc retourné à Pattaya Beach, la zone la plus
animée de Koh Lipe où je pourrais trouver, pensais-je, mon bonheur.
Chemin faisant j'ai croisé plein de touristes peinturlurés sur le
visage comme des sioux. Une coutume locale ? Je ne vais peut
être pas tarder à être ainsi maquillé. La plage de Pattaya sous
le soleil de midi est très belle, avec un sable blanc étincelant.
Son seul souci c'est les chiens qui sont les maîtres des lieux. On
trouve des merdes flottantes... Après il y a aussi des sonos style
full-moon party. J'ai vu un type juste devant les baffles dans un
transat les yeux fermés et les mains sous la nuque alors qu'en
passant devant je sentais l'air sortir des baffles comme d'un
ventilo !
Pour un tour demain,
c'est un peu chaud, j'ai fait plusieurs agences, comme je suis tout
seul ils ne peuvent rien pour moi. Idem pour Koh Tarutao, où l'on
m’envoie de boutique en boutique avec des gens qui n'ont pas l'air
fute-fute, qui ne savent même pas que l'on peut y camper alors que
c'est à côté et qui me disent que pour une personne, le bateau ne
s’arrêtera pas. Car il file ensuite sur la péninsule.
Pattaya Beach |
C'est
curieux car sur les guides ils disent qu'il y a un service régulier
tous les jours. Je ne sais plus qui croire. Pour Koh Tarutao, j'ai
encore le temps de voir venir, en revanche pas pour l'excursion de
demain. Je me suis emmanché dans la seule rue de Koh Lipe, animée
et bondée, où il faut slalomer entre les clebs et que j’essayais
d'éviter depuis que je suis arrivé. Mais je risquais sans doute de
trouver d'autres agences à même de mieux me répondre. Je ne sais
pas ce qu'ils ont aujourd'hui, ils ont tous des pistolets à eau
géants et s'amusent à asperger tout le monde. Il y en a qui m'ont
souhaité la bonne année. J'ai cru à une plaisanterie et je n'ai
pas répondu. Mais comme ils m'ont répété « happy new
year », en appuyant bien sur les mots, j'ai répondu. C'est
quoi ces tarés qui me souhaitent la bonne année le jour de mon
anniversaire ? C'est la caméra cachée ? Tout de suite
après je me suis pris un seau d'eau sur la gueule ! J’étais
trempé, mon sac à dos avec portefeuille et appareil photo aussi.
Heureusement ils n'ont rien. Et j'ai soudainement compris.
Ne
serait-ce pas le nouvel an chinois ? Certes on n'est pas en
Chine mais peut être qu'en Thaïlande ils ont un truc similaire.
C'est ça, car il y a des banderoles de nouvelle année partout que
je n'avais pas encore vues et je ne pense pas qu'ils les aient
laissées depuis plusieurs mois. Ça me fait deux nouvel an dans
l'année, qui peut en dire autant ? D'ailleurs vu qu'il y en a
qu'un de nouvel an, doit on dire deux nouvel an ou deux nouveaux
ans ? Hein ? Un coup de fil à un ami ou l'avis du public ?
Dans cette rue infernale
je n'ai cessé de recevoir de l'eau. Évidemment les commerçants
étaient de sortie, soit les boutiques étaient fermées pour
l'occasion, soit les gens occupés à s'asperger en rigolant et
m'ignorant. Pour mon anniversaire, je suis transparent ! J'ai
fini par trouver une agence tenue par un gamin haut comme trois
pommes qui a pris son talkie-walkie pour savoir si c'était bon pour
le tour. Ça l'était, je n'y croyais plus.
Un petit bar pittoresque! |
Il m'a invité à le
suivre pour aller chercher le billet, l'agence étant juste une
succursale. Il faut savoir que quand je parle d'agence, c'est un
tabouret de bar et une table haute dans la rue avec une enseigne en
bois au dessus ! Grâce au ciel j'ai frappé à la bonne
enseigne, le patron est aussi un spécialiste de Koh Tarutao et il
m'a tout expliqué. J'ai donc fait d'une pierre deux coups. Il a fait
marcher son téléphone et m'a arrangé les bateaux. Il m'a expliqué
que je n'avais pas besoin de réserver pour la camping, que j'avais
juste à aller voir les rangers en arrivant. J'aurais juste à payer
l'entrée pour le parc national. Car Koh Tarutao est une vaste île
inhabitée, complètement incluse dans un parc national. On dit
qu'elle est pour cette raison toujours le refuge de pirates. Il ne
faut pas que ça vous inquiète à mon sujet ! Ce doit être une
légende. Le type de l'agence m'a dit que l’île était un trésor
et que j'allais m'y plaire, il y a plein de trucs à faire : des
cascades, des promenades dans la jungle, des plages désertes et
magnifiques.
Ce sera ma vue tous les soirs au Bila Beach! |
L’île est très montagneuse, n'est qu'une forêt et
on peut même louer un vélo aux rangers. Il m'a dit que j’avais
pris une excellente initiative, que quasiment personne ne s'y rend
jamais vu qu'il n'y a rien, préférant venir s’entasser à Koh
Lipe. Le Lonely Planet dit que c'est le plus bel endroit de
Thaïlande, pas moins !
J'ai encore changé mes
plans. Je vois bien qu'une semaine à Koh Lipe c'est trop. J'ai déjà
fait le tour de l’île à pied aujourd'hui et il y a trop de monde
et de bruit à mon goût. Du coup je fais 5 jours à Koh Lipe, 5 à
Koh Tarutao et 5 autres à Langkawi. Voilà le programme d'ici que je
rentre. Pour mon séjour à Koh Tarutao, qui dit île déserte dit
pas d'internet. Vous n'aurez donc pas de nouvelles de moi du 18 au 23
avril. Ça ne voudra pas dire qu'un tsunami m'aura emporté. Le
danger est peut être plus du côté des pirates !
[NDLR : après recherche, c'est le nouvel an Tamoul aujourd'hui]
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