23:20
En salle d'embarquement,
j'attends de monter dans l'avion. Pour un peu il faudrait me pousser.
Chaque pas que je fais vers ce maudit avion est une épreuve qui
m'arrache à tout ce que j'ai vécu. C'est dur à expliquer, c'est
comme couper le cordon. Tous les gens autour de moi parlent français,
du temps qu'il fait à Paris, de leurs petites vies et de ce qu'ils
vont faire en rentrant. Paris... C’est ce qui est marqué sur mon
ticket. C'est bien une destination qui est aux antipodes de ce que
j'ai vu. Où sont les cocotiers, la mer, les singes, la jungle, les
lagons et les petits poissons ? Et les couleurs, pourquoi
va-t-on me retirer les couleurs ? Quand je pense Paris, c’est
déjà un ciel plombé qui s'étend devant moi, des trottoirs
oscillant entre noir et gris foncé, luisants, avec des merdes de
chiens en travers et des gens pressés dessus, des appartements
étriqués faits pour des gens étriqués. Bon, j'arrête là, il
faut que j'y monte !
7:35
De l'heure de Singapour.
Je ne changerai d'heure qu'au dernier moment, contraint et forcé !
Je me suis acheté un oreiller pour dormir, avec le derrière de la
tête plat pour éviter d'avoir un boudin qui rentre dans les
cervicales. Ça ne m'a pas trop aidé. J'ai dû dormir peut être 3
ou 4 heures, c'est mieux que rien. J'essaierai peut être de me
rendormir plus tard car il reste encore 6 heures de vol mais pour
l'instant je n'ai plus sommeil. Je vais sans doute regarder un
nouveau film. Le choix n'est pas énorme pour essayer d'avoir un film
en français. On en trouve bien plus en allemand, espagnol, russe ou
italien. C'est très curieux. Tout à l'heure j'ai regardé
« Carnage » de Roman Polanski avec Jodie Foster et Kate
Winslet. Comme j'aime bien Jodie Foster j'ai été gâté. C'est une
bonne comédie jubilatoire qui se passe en huis clos. Ça pourrait
presque être une pièce de théâtre. L'histoire est toute con :
deux familles de parents qui se réunissent suite à l'agression d'un
de leur fils par celui de l'autre famille. Les choses vont alors
crescendo et le jeu de Jodie Foster et surtout de Kate Winsket que je
trouvais jusqu'alors aussi expressive qu'une vache en bord de voie
ferrée est excellent. Si vous pouvez mettre la main sur ce film,
vous ne regretterez pas.
Sinon, l'A380 est
vraiment un bel avion. On n'entend presque rien. Au moment du
décollage on voyait le paysage défiler comme si on était dans un
TGV. Il est très bien insonorisé. Ils ont prévenu à plusieurs
reprises de turbulences, je n'ai rien senti. C'est la première fois
que je monte dans un tel avion. Et il est complet. Sans doute la
faute au premier mai.
10:23
-62 degrés dehors par
11582 mètres d'altitude. Brrr... Nous survolons l'Ukraine, au dessus
d'Odessa à 882 km/h. Espérons qu'ils ne sont pas en train de faire
des essais de missiles...Il y a une photo satellite, ça n'a pas
l'air très vert, ça ressemble à un patchwork de dégradés
beige-orangés. Des champs sans doute. Il reste 2367 kilomètres...
Voilà le journal du bord.
12:37, ou 6:37
Cette fois on est au
dessus du Luxembourg à 12194 mètres et on arrive dans 40 minutes.
Que de kilomètres parcourus depuis le début. Je vais revenir avec
10 degrés, il faisait meilleur le 1er octobre ! Comment se
réhabituer à ce pays où les températures tournent dans les 10
degrés pendant 7 mois par an ? La vie est courte, c'est du
temps perdu pour rien, je ne suis pas une marmotte ! Il va vite
falloir que je reparte.
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