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dimanche 30 octobre 2011

Mauruuru roa, Maupiti !


Motu Auira


Au début je trouvais que la pension était délabrée, mais pas du tout ! C'est rustique et fait avec les moyens du bord, mais très bien pensé. Tout est là. Il faut se rappeler qu'on est sur un motu sur lequel il n'y a que des cocotiers, ils sont obligés de faire venir tous les matériaux. Le faré sous lequel on prend ses repas par exemple est fait pour sa structure avec des branches des arbres alentour et le toit et les murs sont tressés en feuilles de cocotier. Et quand il pleut, on est bien au sec ! Pour la cuisine en plein air, c'est un solide tréteau, avec une belle planche dessus, trouée en son centre et sur laquelle on a posé l'évier. Edna et Gilbert passent beaucoup de temps à s'occuper de leur pension, du coup ils n'ont même plus le temps d'être chez eux. Car j'ai appris que la maison dont il faut traverser le jardin pour aller au point de vue où je m'étais rendu le premier jour est la leur ! Edna se décarcasse, elle met des fleurs partout pour égayer, posées sur une étagère, un lavabo, comme ça, sans vase. Gilbert ramasse les feuilles mortes tous les jours et il y en a beaucoup !
Oui, je marche sur l'eau!
Ce matin mon œil va un peu mieux, en tout cas il me fait nettement moins mal, faut dire hier j'ai craqué, j'ai pris des anti-inflammatoires que j'avais réservés en cas de sciatique. Ça soulage bien, j'aurais dû y penser plus tôt ! Une fois que j'ai plié la tente et préparé mon sac, j'ai décidé de passer la matinée sur le motu, à son extrémité sud. Car pour ceux qui n'auraient pas consulté mon itinéraire, je pars cet après midi pour Bora Bora. Et le temps est splendide !
A l'endroit où l'on peut traverser le lagon le plus facilement possible pour rejoindre l'île, j'ai voulu essayer et voir où arrivait le niveau d'eau. J'ai donc parcouru environ un quart de la distance et j'avais de l'eau à la ceinture. La vue est très belle, on est au milieu du lagon, dans une eau turquoise et limpide ! Du coup, lorsque je suis revenu au bord, je n'ai pas poursuivi bien loin. 
Il y avait un cocotier penché au dessus du lagon, une vraie carte postale, et j'ai jugé que son ombre me ferait le plus grand bien ! De temps en temps, j'allais faire la planche dans la lagon, pas besoin d'aller bien loin, c'est la même profondeur partout ! J'étais là, pris dans une douce torpeur, quand tout d'un coup un bruit s'est fait entendre, m'extirpant de mon bien être. Une vaguelette ! J'ai lâché : « Bein alors ? » J'avais perdu l'habitude des mouvements d'eau, à force on se croit dans son bain !
Je regardais aussi au loin le récif, sur lequel de grosses vagues venaient se briser et projetaient de la brume au dessus, dans le ciel, comme un voile. Et le lagon, lui restait une oasis de calme. C’est magique ces coraux ! 

On est mieux dans le lagon!


Les aigrettes formaient des ballets dans le ciel, le reflet du lagon teintant leur plumage blanc de nuances vertes. Parfois elles se jettent comme des pierres, en ressortant une seconde plus tard avec un poisson en travers du bec. Ça me sidère toujours : comment font elles pour calculer leur trajectoire, le moment et l'endroit où elles doivent se jeter, en intégrant leur vitesse de chute, la direction du poisson et sa vitesse à lui ? C'est digne d'un problème de maths à coller un mal de crâne ! On me répondra que c'est étudié pour ! Sans doute...
De mon lagon je pouvais voir au loin Bora Bora, nettement pour la première fois, en raison de la clarté du ciel. Vue de Maupiti, elle ressemble au Mont Saint Michel. 
Bora Bora vue de Maupiti
J'ai dû dire au revoir à Edna, elle m'a fait la bise en disant : « tu piques ! ». Il y avait aussi les deux qui étaient arrivés en râlant qui partaient, pour Bora Bora aussi. En fait j'ai eu le fin mot de l'histoire, leur avion du matin n'a pas pu se poser à Maupiti en raison du mauvais temps, il a poursuivi sur Bora Bora et ils ont gagné Maupiti par le bateau. D'où le retard. Finalement, personne n'était fautif mais ce n'était pas une raison pour s'énerver. Bien leur en a pris, la femme a glissé au moment de monter dans le bateau de Gilbert. Edna à côté de moi sur le rivage, m'a sifflé à l'oreille : « Si elle était moins grosse aussi, ce serait plus facile ! Regarde moi ça ! C'est quand même mieux, non, d'être mince ! »



Je crois qu'Edna n'aime pas les gros. Entre sa diatribe sur les mémères à gros bide, elle m'avait aussi lâché au sujet de Kerstin (elle l'avait vue un après midi au snack en face) : « Eh bien dis moi, c'est beau que tu sois arrivé en haut avec elle, elle a dû pas mal te ralentir ». Désolé Kerstin, c'est pas moi qui l'ai dit !
Avant de monter dans le bateau, j'ai eu un collier de coquillages. C'est la tradition ici : on accueille avec un collier de fleurs et on laisse repartir avec un collier de coquillages en signe de remerciement. Dans quel autre pays vous trouvez quelque chose comme ça ? Je l'ai gardé jusqu'à la pension à Bora et je le garderai. Au sujet du collier de fleurs que j'ai eu, ce n'était en fait pas des fleurs de jasmin, mais des fleurs de tiaré. J'avais posé la question à Edna. L'odeur est vraiment très proche et je connais aux Caraïbes un jasmin à grosses fleurs qui ressemble beaucoup. D'où ma confusion. Eh oui, les fleurs de tiaré, c'est pas que dans le monoï !
Au moment de partir, c'était touchant, Edna est restée sur le bord du lagon, en faisant des « au revoir » de la main et en envoyant des baisers avec ses mains, comme ma maman le fait. Je les lui ai rendus. 
Elle m'a dit : « J'espère que tu reviendras. Reviens quand tu seras plus riche ». Il ne faut pas l'entendre comme « ainsi tu pourras prendre mes bungalows », ce n'est pas leur genre de laisser des sous entendus, mais parce qu'ils savent que le prix du billet est très cher (un peu plus de 1500 euros, m'ont dit Florie et Jean Marc, soit presque la moitié du prix de mon billet tour du monde).
A l'aéroport c'était au tour de Gilbert de me dire au revoir, il a commencé par me serrer la main puis s'est rapproché et m'a embrassé. Je lui ai dit « Mauruuru roa », tout comme je l'avais dit à Edna plus tôt, et il a sourit.
Nana, Edna!
Avant de monter dans l'avion, j'ai jeté un regard en arrière, Gilbert était déjà occupé à accueillir les nouveaux touristes. Ainsi va la vie, certains s'en vont, d'autres arrivent, les nouveaux chassent le souvenir de ceux qui sont partis. J'espère malgré tout qu'ils se souviendront de moi ; moi je ne les oublierai pas, je les emporte avec moi...

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