Google Website Translator Gadget

lundi 24 octobre 2011

Robinsonade à Maupiti !




Hier quand j'ai embarqué pour Maupiti de Raiatea, j'ai tout de suite demandé au steward s'il fallait mieux être à gauche ou à droite de l'avion pour l'arrivée à Maupiti. J'avais fait chier tout Air Tahiti avec ça dès qu'ils m'ont remis les billets mais ils ne pouvaient pas me renseigner! Le steward, lui m'a dit : « Ça dépend des vents, mais en règle général c'est à gauche que ça se passe ! ».
Je me suis donc mis en quête d'un siège hublot à gauche. A l'arrière il y en avait un, c'était parfait, pas gêné par l'aile ou l'hélice. Sur tous ces avions ATR on embarque toujours par l'arrière, c'est amusant. Celle qui était devant moi, me parla tout de suite : « Ivan ! ». J'avais retrouvé Kerstin, l'allemande de Tahiti à qui j'avais dressé un tableau idyllique de Maupiti auquel elle n'a pas pu visiblement résister. On est resté tout le voyage, environ 30 minutes à se parler d'un siège à l'autre comme des ados dans un bus !
Ma cuisine de Robinson
L'arrivée à Maupiti est grandiose, on aperçoit d'abord au loin ce caillou au milieu de l'océan puis, au fur et à mesure que l'avion se rapproche, les motus tout autour deviennent perceptibles puis le lagon se pare de tous ses feux jusqu'à ce que l'avion passe juste au dessus. Vraiment ces vols sont une merveille pour les yeux ; il y a bien un message comme quoi les appareils électroniques doivent rester éteints, mais ça mitraille de partout pendant que l'autre côté de l'avion, frustré, piaffe d'impatience ! Car l'avion finit toujours par faire demi tour avant de se poser, de sorte que tout le monde peut profiter du spectacle.
L'aéroport est le plus petit que j'ai jamais vu. Un faré en toit de palme de cocotier sans mur et un sol constitué de soupe de corail. Pourquoi s'emmerder ? Le gars de la pension Auira était là pour m'accueillir et j'ai eu mon premier collier de fleurs. J'étais peu fier ! 
Ma salle à manger, à même le sable!
Je suis allé voir Kerstin pour qu’elle prenne une photo. J'ai réalisé alors que la pauvre n'osait pas me demander non plus : elle n'a pas de photo d'elle avec un collier de fleurs, pourtant ce n'est pas son premier. On a donc fait un échange de bons procédés. Puis on s'est quitté, elle avait choisi une pension sur un autre motu. L'aéroport est étant aussi sur un motu à lui tout seul, il faut obligatoirement prendre un bateau. On se croirait à Venise. Sauf que la lagune est un lagon bleu turquoise qui fait mal aux yeux !
Ayant pris place sur le bateau de Gilbert - je suis son seul client - il me demande si j'ai fait les courses avant et si j'ai à manger pour ce soir. Heu, non, j'ai des tomates et des biscuits c'est tout. Je lui demande si la pension ne propose pas des repas. J'avais lu dans le Petit Futé que ceux qui prenaient les bungalows avaient la demi pension incluse dans le prix. En revanche moi j'avais opéré pour le camping. Il me répond que non. Merde, je suis bon pour une diète ! Puis il me dit : « J'ai du riz, je vais t'en passer et puis ça te dit du poisson ? Allez, on va à la pêche ! »

J'arrive du motu au fond en Kayak tous les matins. Mieux que le RER non?


Ni une ni deux, il laisse son bateau dériver dans le lagon et dégote une canne à pêche de sous mon banc, avec 3 hameçons au bout sans appât mais avec des espèces de billes de plastique censées faire illusion. Pensait il que les poissons soient si cons pour gober ça ? Puis il m'a filé la ligne entre les mains. J'avais alors sous ma responsabilité ma subsistance pour ce soir. Au moins pour un accueil, je suis tout de suite mis dans le bain ! Je devais tirer la canne vers moi de temps en temps sans doute pour donner l'impression là dessous de quelque chose qui circule par à coups. « Tu verras, tu sentiras bien dès que tu auras quelque chose ! ». Je me suis donc bien calé dans le bateau tenant la ligne des deux mains, un peu crispé. C’est ma première fois quand même ! Le temps fut long, très long ! J'avais les yeux qui tournaient sur eux mêmes dans leur orbite comme des billes de loto, à scruter cette surface de lagon impassible. L'ennui s'installait, je restais éveillé seulement par le paysage que je regardais tout autour. 
Plage de Tereia
Puis comme un gosse se lasse d'un jouet, fatigué par 30 minutes passées de la sorte, je lui ai dit « C'est pas grave si on ne prend pas de poisson, je mangerai du riz avec des tomates ! ». Et on est arrivé au motu.
C'est un endroit couvert de cocotiers, frangé de sable blanc, en bord de lagon. J'ai vite compris que j'étais seul à la pension. Quand j'ai demandé à Gilbert si les bungalows étaient libres, il m'a répondu qu'ils n'étaient pas occupés et qu'ils coûtaient 5000 francs la nuit (2 fois moins cher que sur le guide). Je lui ai suggéré que j'y dormirais peut être quelques nuits mais il n'a pas semblé enchanté et a ajouté qu'avec la tente je serais bien. Il m'a ensuite désigné un endroit où je pouvais la planter, en bordure du lagon. Après nous avons visité les commodités : douche, toilettes, cuisine où je peux préparer mes repas, un réchaud deux feux, pas de frigidaire. J'ai rapidement compris le problème de l'endroit : il est infesté de moustiques, je n'en ai jamais vu autant au mètre cube, ils sont insatiables, une vraie nuée, on ne peux passer à travers ! Je vous passe les détails de la séance toilettes, mais on peut pas baisser son froc sans avoir une armada collée au cul ! C’est le cas de le dire. Du coup ça me bloque et je sens que j'irai dans la nature la journée, en plein soleil, ailleurs !

Vai'ea


Comme il était 16h30, Gilbert m'a invité à préparer le dîner, car il allait bientôt faire nuit. En effet il n'y a pas d'électricité ici, j'ai bien vu un panneau solaire dans le jardin mais renseignements pris il est en panne ! De la secousse, il branche un groupe électrogène de 18 à 20 heures. J'ai aussi noté 3 gros chiens qui se baladent partout, paraît qu'ils n'aboient pas sauf si quelqu'un passe. Et c’est vrai, j'ai bien dormi, ils n'ont aboyé qu'une fois dans la nuit. En attendant, pendant que je prenais ma douche dare-dare en slalomant entre les moustiques, douche d'eau froide - comme partout du reste, j'ai l'habitude et puis elle n'est pas si froide - avec un débit minable digne d'un pipi de chat et des bernard l'hermite qui se baladaient entre mes orteils, Gilbert m'avait mis sur la table de quoi me sustenter : 4 bananes (que celui qui n'aime pas les bananes n'aille jamais sous les Tropiques!), un paquet de riz, une boîte de corned beef et un oignon. Je n'ai jamais mangé de corned beef, je suis sûr qu'il y a plein de saloperies mais ça dépanne bien et puis revenu à la poêle avec un oignon ce n'est pas si mauvais. La cuisine est comique, tout est déglingué et rouillé, les ustensiles sont d'un autre âge et les poêles n'ont plus aucun revêtement depuis des lustres. Mais le plus drôle est que l'évier est dehors, enfin si on peut dire dehors car dedans c'est aussi dehors : c'est un faré ouvert aux 4 vents avec un toit de tôle ondulée et le sable pour tout sol. L'évier semble normal sauf qu'il n'y a pas de siphon et tout s'évacue sur le sable directement à la verticale du trou. Au début ça surprend car on reçoit tout sur les pieds !
A 17h30 le dîner était fini (je crois que j'ai jamais mangé si tôt!), je suis allé faire une balade digestive sur la plage pour avoir aussi un peu de répit avec les moustiques (ils n'aiment pas le vent). Enfin à 18h27 la viande était dans le torchon !
Ce matin je me suis levé à 5h, avec le jour. J'ai passé une nuit moyenne, les premières nuits de camping étant des nuits d'adaptation et puis d'habitude j'allais me coucher 3 heures plus tard. Mais là que veux tu faire ? J'ai fini les bananes qui restaient en guise de petit déjeuner puis suis parti vers la civilisation. Mission : avancer mon départ pour Bora de 2 jours car je me rends compte que 7 jours ainsi ça fait beaucoup, internet et acheter des provisions. Pour y aller, c'est une aventure en soi. Normalement on peut rejoindre l'île principale à pied. Elle n'est en effet séparée du motu Auira que de 500 mètres et c'est peu profond, entre 50cm et 1m20 selon la marée ! Mais avec un ordinateur sur le dos et des victuailles à ramener c'était mission impossible. J'ai donc pris un canoë mis à disposition pour la clientèle, c'est à dire : moi ! Et j'avais le vent en face, en plus le kayak a un problème, il ne veut pas aller droit et plus on pagaye d'un côté pour rétablir la trajectoire, plus ça empire ! Bref j'y suis allé en zigzag, du coup ça a bien dû me rajouter le double de distance. 

Plage de Tereia


Plage de Tereia
Ensuite pour aller au village je ne savais pas où c'était. Heureusement il y avait une femme derrière moi à qui j'ai demandé de l'aide. En fait elle venait du même motu que moi en kayak et elle m’avait suivi sans que je m'en aperçoive. Du coup on a fait un bout de chemin ensemble car elle allait aussi au village, pas de bon cœur : « Je me serais bien passé de venir mais je dois absolument passer un coup de fil ». Une sauvageonne qui préfère son motu habité par 20 personnes ! Puis elle est montée dans la benne d'un pick up conduit par des gens qu'elle connaissait et m'a invité à la rejoindre ; j'ai décliné son invitation car je voulais voir le paysage. J'ai bien fait, je suis arrivé au village avec des ampoules et le T-shirt qui collait au corps ! Il doit bien y avoir 4 km à faire en plein soleil et puis ça monte et ça descend... Une fois dans le village j'ai vu une dame qui louait des vélos, je lui en ai pris un, nous avons convenu que je le laisserais le soir au snack de la plage, attaché, là où j'ai laissé le kayak et donné ma pagaie en otage. Pratique pour les autres jours.
Motu Tiapa'a au fond
Finalement pour changer mon billet pour Bora, faut rallonger du fric, du coup je reste. Et puis finalement je crois que je vais bien m'y plaire à Maupiti. 1200 âmes, pas de gendarmerie, une poste qui se résume à une case en tôle vitrée sur 4 pans, avec le bureau face à une chaise en plastique collée à la porte d'entrée. Une seule personne peut y entrer à la fois, et il y fait facile 40 degrés dedans ! Faut prendre un ticket, la dévideuse est dehors, j'ai le numéro 46 et on appelle le 17. Je laisse tomber, y en a pour la matinée, tout ça pour acheter une carte téléphonique !
Pas de station d'essence non plus. De toute façon qui en aurait besoin, l'île ne fait que 9 km de circonférence ? Pas plus de distributeur de billets. Et personne ne prend la carte bleue. Heureusement j'ai ce qu'il faut en liquide ! Gilbert, qui est des Tuamotu, m'a dit hier qu'il était là depuis 1981. Je ne pense pas que ça ait beaucoup changé depuis ! En parlant de Gilbert, il m'avait invité aujourd'hui à faire un tour de pêche avec lui en pleine mer, de 16 heures à 21 heures. Il pèche de nuit. L'idée de me retrouver seul avec lui sur son rafiot hors du lagon en plein océan, entouré d'eau noire, me disait moyen ! Sans compter qu'il aurait pu tout aussi bien me jeter aux requins ! Du coup je me suis pointé ce soir plus tard à la pension.

J'aime bien cette photo, surtout y être. Et vous?


Sinon, après avoir fait un tour rapide de l'île je suis monté à un point de vue. Pour ce faire, il faut prendre la route traversière et, arrivé au col, s'engager dans un chemin de terre qui mène à une maison inhabitée (sinon il y aurait eu un chien!). De là on prend un sentier non tracé qui part à l'assaut des hauteurs. Le sol est par moment abrupt et constitué de petits cailloux qui roulent sous les pieds. Gamelle garantie ! A moins de se tenir aux branches, écartelé, les jambes arquées, le cul en arrière et les pieds en canard ! Vous visualisez la scène ?
En tout cas d'en haut du rocher la vue est magnifique, on voit à 180 degrés, le lagon dessine comme des piscines constituées par des bassins de corail et les îles tout autour forment un collier dont chaque motu est un diamant. D'en haut on comprend bien comment est née Maupiti il y a 4 millions d'années. Le principe est le même que pour Bora Bora mais celle dernière est plus jeune. En fait ces îles sont toutes d'origine volcanique et l'île principale, au centre, n'est que le reste de la cheminée du volcan. L'ensemble entier s'est enfoncé sous l'eau et les motu tout autour ne sont que le reste des parois du cratère. Ainsi naissent les atolls. Ce qui veut dire que ce sont aussi des îles en voie de disparition.
Retour au motu Auira avec les courses!
A 13 heures j'ai voulu prendre les provisions à l'épicerie mais elle était fermée. Horaires ; 5h30-11h30 puis 14h-16h30. J'ai attendu un peu à l'ombre et en ai profité pour commencer à écrire le texte de ce message. Dans la supérette qui n'avait pas grand chose, j'ai fait la razzia de tout ce qui n'a pas besoin de frigo. J'avais le nez dans le rayon conserves, cassoulet, petit salé aux lentilles... A côté gisaient les boîtes de pâté pour chien. S'agissait de ne pas se tromper ! J'ai prix aussi une boîte de 12 œufs, au moins on sait qu'ils ne sont pas de batterie ! En revanche avec la chaleur qu'il faisait, ce n'était pas dit que je revienne à la pension avec des œufs en moins et des poussins en plus !
La traversée dans l'autre sens fut épique, avec le sac de courses coincé entre les deux jambes pendant que je pagayais. Quelle vie ! Mais qu'elle en vaut la peine ! S'il n'y avait pas tout ça, toutes ces choses qui se méritent, où serait le charme ?

6 commentaires:

  1. Oups c'est la grande classe ta cuisine dis donc! Elle est rigolote ;-)
    Bises
    Karine & Co

    RépondreSupprimer
  2. You have to show the toilette too!!!!
    Pau.

    RépondreSupprimer
  3. salut Ivan ! ouf, ça y est je suis à jour, j'avais pris du retard depuis l'épisode 'en grève' ... j'ai lu les 5 épisodes suivants dans la foulée !! à propos du poisson 'escargot' , il fait partie de la famille des poissons coffre j'ai cherché sur internet , tu vas rigoler , il est appelé ' poisson vache à longue corne' ou 'Lactoria Cornuta '!! et aussi pour l'oiseau qui 'klaxonne', ce n'est pas tout à fait le même que celui en Thailande , j'ai retrouvé la vidéo , il etait noir de plumage avec, sous les yeux ,comme un masque jaune qui se prolonge à l'arriere de la tête . Bises !!

    RépondreSupprimer
  4. suite à propos de l'oiseau ... masque jaune qui se prolonge à l'arriere de la tête et se termine en 2 'cretes' pendouillantes jaunes de chaque côté derriere !

    RépondreSupprimer
  5. j'ai oublié de signer , c'est Corinne !

    RépondreSupprimer
  6. j'ai moi même passé des mois là bas ,c'était merveilleux et les moustiques ne nous ont pas dérangés plus que ça , là bas ils n'attaquent que les cons ! ton commentaire est tres négatif , , les citadins comme toi n'ont rien a faire là bas, va plutot a bora bora où ils ont de l'insecticide et de l'eau chaude , tu t'y sentira beaucoup mieux.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...