Le tour B sera mon
dernier tour à Palawan. Peut être aussi le moins intéressant. Mais
après ce que j'ai vu hier, il était certain que ça ne pouvait pas
continuer crescendo comme ça indéfiniment. Je ne suis pas déçu
pour autant, c'était très bien. Si je devais classer les tours du
plus intéressant vers le moins, ça donnerait C, A, B. En fait
aujourd'hui c'était moins spectaculaire car au sud de l'archipel les
îles aux hautes falaises ont tendance à être moins abruptes et
certaines sont même habitées ou bien le centre d’hôtels de luxe.
C'est donc moins sauvage. Et pourtant plus touristique, c’est sans
doute le tour où j'ai rencontré le plus de bateaux d'autres
excursions. Nous n'étions que quatre à participer à l'excursion :
Héléna la russe, les coréens et moi. L'australien et sa poule
n'étaient curieusement pas dans les rangs, j'imagine qu'elle a dû
lui faire une scène en rentrant hier soir ! L'équipage par
contre est nouveau. Deux jeunes dont l'un sourit tout le temps,
chantonne et passe son temps à rigoler. Un vrai rayon de soleil !
Pangalusian Island |
On a filé direct à
Pangalusian Island, en face d'un resort en construction où nous
avons été briefé de ne pas poser pied à terre. Si on a jeté
l'ancre juste en face c'est juste pour faire du snorkeling.
Malheureusement comme les coraux étaient mal en point, il y avait
peu de poissons et j'étais désolé de voir des pans entiers de
coraux morts transformés en support pour algues vertes moussues. Il
y avait aussi de ces tables d'orientation, des coraux regroupés en
ombrelle, mais beaucoup étaient retournés. Du corail mort ce n'est
pas beau, on dirait des tas d'ossements et ça me fait mal au cœur.
J'ai appris ce soir que les coraux à Palawan souffraient énormément
car dans la baie l'eau est devenue trop chaude pour qu'ils s'y
épanouissent. Il leur faut des eaux entre 28 et 29 degrés, entre
ces limites ils ne peuvent se développer. C'est dire comme leur
existence est fragile. Mais le réchauffement de la baie ne fait pas
tout. Comment expliquer ces coraux retournés ? A mon avis il a
dû y avoir de la pêche à la dynamite ou alors c'est à cause des
bateaux des excursions qui jettent tous leur ancre là
quotidiennement. Ils devraient mettre des bouées plutôt pour
permettre aux bateaux de s’amarrer.
Snake Island |
Snake Island |
L'endroit que je voulais
voir absolument c'est Snake Island, où nous sommes arrivés ensuite.
C'est là où l'on trouve un banc de sable entre deux îles pourtant
relativement distantes, dans un chenal, formant comme un H. Par
contre on y est arrivé à marée haute alors c'était un peu moins
spectaculaire que ce à quoi je m'attendais. Mais c'était absolument
magique de marcher sur ce banc qui serpente avec de belles couleurs
bleu lagon de part et d'autre. Il y a aussi une petite colline qui se
gravit aisément de là où tous les bateaux jettent l'ancre. D'en
haut, où un chapiteau offre de l'ombre à ceux qui veulent se
reposer, on a une vue sur tout le bras de mer. Par contre l'endroit
est vite devenu plein de monde, gâchant la magie des lieux.
Impossible d’être détendu, je n’arrêtais pas de trépigner
devant des gens qui faisaient exprès de rester devant mon objectif
alors que je prenais des airs d’exaspération.
Snake Island |
Aussi au bout d'un
moment j'ai fait le gros con. Pour éviter d'avoir des gens qui
tournicotent pendant des heures comme s'ils visitaient un musée
devant mon plan, je me mets au milieu pour bien gâcher le paysage.
Ainsi ça évite les couples de poser à tour de rôle, car avec moi
derrière ça fait tout de suite moins romantique. Le système marche
bien. On me pourrit bien mes paysages vierges, je ne vois pas
pourquoi je n'en ferais pas autant ! Toute la journée ça a été
ça, des courses contre la montre pour arriver le premier sur les
lieux. Helena me l'a m'a fait remarquer. A un moment sur une île,
elle m'a dit : « Let's go, after it will be full of
people ». Un bon point pour elle !
Sur Snake Island, j'ai
trouvé un point de vue alternatif, ne me satisfaisant pas de la vue
du haut de la colline où l'on a un peu le soleil en face.
Snake Island |
Aussi je
suis allé de l'autre côté, où il n'y avait pas de chemin, et j'ai
grimpé sur un rocheux friable, ou plutôt je devrais dire ramper
pour éviter que mon poids ne fasse rouler des pierres. Car c'était
haut, une chute et c'était la chaise roulante. Le capitaine est venu
en bas, aboyer que le déjeuner était servi. Sans doute quelqu'un
lui aura dit par là où j'étais passé. Au déjeuner on avait de la
visite, une cliente d'un autre tour qui avait sympathisé avec les
coréens, toute contente d'avoir enfin trouvé des gens qui parlent
la même langue. Car le couple de coréen , assez âgé, ne parle pas
autre chose que le coréen. Ça limite les échanges. Aussi la
nouvelle faisait l’interprète. Elle parlait aussi assez bien le
français, ayant vécu 4 ans à Nice. Elle était donc contente de
pouvoir pratiquer son français avec moi. Elle m'a raconté que les
coréens se demandaient ce que je trafiquais à prendre des notes
tout le temps.
Snake Island |
Ça, ça intrigue tout le monde, plus encore quand je
dis que c'est pour mon blog que j'alimente tous les jours. La
régularité à laquelle je m'astreins les fascine. Certes c'est un
vrai travail mais je me sens investi d'une mission, celle de
témoigner. Grâce à la pièce rapportée j'ai aussi appris que le
couple était content d’être là, que c'était la première fois
de leur vie qu'il sortaient hors de la Corée et qu'ils trouvaient
Palawan fantastique. Tu m'en diras tant ! Y a t il quelqu'un
pour ne pas aimer ? Helena, peut être, qui même si elle aime
bien m'a parlé ce matin au petit déjeuner de Belize où elle
s'était rendue un jour et qu'elle a adoré, en précisant que
c'était mieux qu'ici et que jamais elle n'avait vu ailleurs des eaux
d'un telle couleur. Ah bon, plus beau ça existe ? Elle ne
m'apprend pas grand chose, Belize est sur ma liste depuis longtemps.
Ça sera pour mon prochain tour du monde !
Cudognon Cave |
La plage de Cudognon Cave |
Après le déjeuner, on
s'est rendu à Cudognon Cave, une grotte comme son nom l'indique que
je n'aurais jamais trouvée si notre guide ne nous en avait pas
parlé. Il faut ramper comme dans un parcours du combattant pour y
pénétrer. Pour faciliter le confort ils ont disposé des gilets de
sauvetage pour éviter de s'écorcher en rampant. On était tous là
à se tortiller comme des vers, certains d'autres groupes avançant
avec plus ou moins de succès et demandant de l'aide pour qu'on leur
pousse le cul ou qu'on leur tire un bras. C'était comique. Un peu
moins à l'intérieur où il y avait embouteillage. Il y a deux
chambres. On pénètre dans la plus large, presque circulaire qui
forme comme une église avec du sable au fond. Ensuite, en grimpant
par dessus un rocher, on arrive à une autre salle avec des trouées
sur la mer, comme des les créneaux d'une tour de gué, et sur le
ciel. Les roches prennent alors des teintes qui vont du rose clair au
vert émeraude. Et l'intérieur est tout poli. C'est très beau.
L'ile de Cathedral Cave |
Sur une île en face se
trouve Cathedral Cave où l'on a essayé de s'approcher avant de
renoncer, juste au moment où je pensais qu'on était parti pour
faire le tour des grottes de Palawan. En fait il y avait tellement de
houle que le bateau n'a pas réussi à s'amarrer à une bouée à
l'entrée de la grotte, très près de la paroi. C’est vrai que
c'était dangereux et qu'on aurait pu se pulvériser sur la falaise.
Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Le guide se donnait beaucoup de
mal, à tenter une approche plus fine après s’être saisi d'une
rame. Malgré tout on a pu voir l'entrée de la grotte. Contrairement
à l'autre elle n'est pas cachée et offre un trou béant sur la mer.
J'aurais bien aimé voir l'intérieur qui devait sans doute être
grandiose vu le nom donné à la grotte. Tant pis !
Pinagbuyatan Island |
Pinagbuyatan Island |
A la place
on est allé se consoler sur ma dent ! Cette île qui me trouble
depuis que je suis arrivé et que je n’arrête pas de regarder
rêvant de la voir de plus près. Eh bien c'est chose faite
aujourd'hui ! Elle a un nom : Pinagbuyatan. On y est arrivé par derrière, où c’est moins
abrupt et j'ai été surpris d'y trouver une plage. Et une belle !
Nous y somme restés jusqu'à l’heure de rentrer, un peu avant 16
heures et je me demandais pourquoi nos accompagnateurs étaient si
pressés. Hier ça s'était terminé à 17 heures, 8 heures après le
début. C'est ce que j'aime bien : avoir des journées bien
remplies.
Le bateau nous a laissé
face à l’hôtel à devoir patauger dans la flotte comme ce à quoi
nous sommes à présent habitués. Avec Helena on regardait les trucs
dans l'eau, elle me montrait des trous de crabe, s’arrêtant pour
admirer des étoiles de mer. Je lui ai fait remarquer aussi sur le
sable sous l'eau des espèces de bulles, comme des œufs, ancrées au
fond et qui bougeaient au rythme de la houle.
Pinagbuyatan Island |
Comme elle est touche à
tout, elle n'a pas pu résister à plonger sa main en commentant que
la sensation était curieuse et pas très agréable. On se saura
jamais ce que c'est. Par contre la coréenne à la traîne a fini
par rappliquer pour voir ce qu'on faisait et comme on était fier de
notre trouvaille pour les étoiles de mer, on lui a montré. Elle est
partie en grands gestes en vociférant comme pour signifier de les
mettre au loin, comme si c'était de la saloperie. Et elle les a
ramassées unes à unes en se précipitant hors de l'eau. On s'est
regardé en se demandant quelle mouche l'avait piquée et ce qu'elle
comptait faire avec. Les rajouter dans son bouillon-ragoût qu'elle
prend tous les soirs ? Non, elle les a jetées là où la mer ne
vient jamais, comme on arrache des mauvaises herbes. Héléna lui a
emboîté le pas alors que je lui faisait remarquer qu'on devait les
sauver.
Pinagbuyatan Island |
Pendant que j'examinais si elles étaient bien vivantes,
Héléna est revenue, sans doute prise de remords, et les a prises
une par une en se dirigeant loin dans la mer pour les déposer au
fond à peu près là où elles étaient, pendant que je lui disais
« They are living animals ». Un nouveau bon point pour
elle, signe qu'elle est sensible et proche de la nature. Je ne
m'étais pas trompé en la voyant faire. Elle me rappelle un peu une
amie à moi, Corinne, avec qui je suis parti aux Maldives et en
Thaïlande. D'ailleurs elles se ressemblent pas mal physiquement.
Elle est bien différente des russes que j'ai rencontrés dans le
passé. D'ailleurs sans que je ne dise un mot elle m'a sorti ce matin
au petit déjeuner que les russes ont l'habitude de toujours tout
voir du mauvais côté et que s'ils étaient là ils se plaindraient
tout le temps, faisant remarquer haut et fort leur mécontentement
sur la nourriture, le sol pas droit ou la chaleur.
Pinagbuyatan Island |
C'est peut être
pour ça qu'elle vit hors de la Russie. Elle m'a raconté qu'elle
était directrice d’une marque de prêt à porter très connue en
Russie et qu'elle gérait les succursales en Asie. Demain avant de
partir je lui laisserai ma carte, j'aimerais bien rester en contact
avec elle, elle m'a touché.
Comme on est rentré tôt,
j’avais tour le temps nécessaire pour me rendre à El Nido chez
Tao Expeditions pour le briefing avant l'expédition de demain, prévu
à 17 heures. Je leur avais envoyé un mail ce matin en leur disant
que je ne pourrai sans doute pas y être comme prévu car faisant un
tour qui risquait de se terminer tard. A vrai dire cela ne me disait
rien du tout d'aller à El Nido, dans le bruit et la crasse et devoir
prendre un tricycle (c'est comme ça qu'ils appellent les motos-taxi,
j'ai appris ça aujourd'hui). Mais là je n'avais plus d'excuse. Je
me suis retrouvé dans leur patio où les autres n'ont cessé de
rappliquer.
L’hôtel et son écrin de verdure |
Moi qui pensais être presque le seul à faire la liaison
El Nido-Coron en 5 jours en naviguant d’îles en îles et passant
les journées à faire du snorkeling et du kayak, j'ai été surpris.
Pas en bien, j'ai vu les fiches, tout le monde est dans la vingtaine,
des groupes déjà formés et agités. On est tellement nombreux
qu'ils ont dû prévoir deux bateaux. Je serai avec le groupe le plus
nombreux, 14, avec les jeunes. Lors du briefing j'ai appris qu'on
dormirait dans des villages. Du coup ça m'inquiète. Qui dit village
dit trou à rats grouillant de chiens, comme tout ce que j'ai pu voir
déjà aux Philippines. Ce qui me sauve c'est que j'aurai la tente
aussi j'espère pouvoir faire bande à part, même si ça ne se fait
pas ; je m'en fous, c'est mon voyage, j'ai le droit de le vivre
comme bon me semble et de ne pas avoir envie de suivre le mouvement
de jeunes qui voudront à coup sûr faire la fête et se coucher
tard, ou en tout cas pas comme moi dès 21 heures ! En plus
notre futur capitaine en a rajouté une couche en faisant remarquer
que si on voulait consommer de l'alcool, il fallait l'acheter ce soir
car ce n'est pas inclus dans l'excursion. Vu l'age des participants
et leur nationalité (beaucoup d'anglais), ça va forcément se
terminer en beuveries. Peut être que je me trompe, en tout cas je
l'espère. On verra bien demain... Pour information afin d'éviter
des mouvements de panique chez mes lecteurs, je ne serai pas
joignable jusqu'au 15 mars au soir. Le blog restera donc en l'état
jusqu'à cette date. Ça ne veut pas dire que je serai mort !
Laissez moi ça pour plus tard !
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