Plage 1 |
C'est normal! |
C'est étonnant car à
l’hôtel personne ne connaît ITI, la compagnie qui dessert El Nido
pour les clients des resorts de luxe et qui prend d'autres passagers
s'il reste de la place. A croire que je suis le premier. D'un autre
côté les chauffeurs de taxi ne connaissent pas non plus l’hôtel
où j'étais. Ils n'ont pas l'air très doués. J'avais un plan pour
me rendre à ITI que la compagnie m'avait transmis avec la
confirmation du vol; c'est tout à côté de l’hôtel. Je leur
montrais où l'on était, leur disant qu'il fallait tourner à droite
au carrefour puis la prochaine à droite juste après la station
d'essence Shell, ils étaient dubitatifs et parcouraient les rues du
doigt sur mon écran d'ordinateur comme si ça allait les guider.
J'en avais déjà parlé hier soir et c'était le même topo, ils
avaient même conclu de m’amener à l'aéroport international où
quelqu'un serait à même de me renseigner étant donné que c'est là
où toutes les compagnies ont leur siège. Sauf que moi c'est un truc
spécial et qu'ils ne sont pas dans l'aéroport international. Passez
moi les clefs du taxi que je conduise !
Ils me réclamaient aussi
deux fois le prix de la course au motif qu'ils devaient m'attendre au
bureau d'ITI le temps que je paye le ticket, avant qu'ils me
conduisant au bon terminal que la compagnie m'aura indiqué. Je
trouve ça un peu gonflé, c'était sur le chemin. Passons !
J'ai fait le guide à l'arrière, menant un chauffeur aveugle !
Au final j'aurais pu y aller à pied, il devait à peine y avoir un
kilomètre. Mais bon, avec les sacs... La bonne nouvelle c'est que
l'embarquement a lieu depuis le bureau de la compagnie. J'ai donc
laissé le taxi là, divisant pour le coup le prix de la course par
deux puisqu'ils n'avaient plus à me mener à l'aéroport. La
compagnie a ses propres machines à rayons X. J'ai dû malgré tout
ouvrir les sacs en sortie et dire ce qu'il y avait à l'intérieur
pendant que la préposée me faisait parler voyages pour rendre la
chose moins pénible et pendant qu'un type me palpait. N'oublions pas
que cette compagnie dessert les hôtels de luxe et que sa clientèle
est donc constituée de VIP. Service sur mesure donc. Passé les
contrôles ça a été pareil, je me suis vu offrir boisson chaude,
jus d'orange et muffin le temps que le bureau ouvre.
ITI est la seule
compagnie qui reste qui dessert El Nido. La seule compagnie régulière
avant, Seair, à qui j'avais acheté mon billet à l'origine, a
décidé d'annuler tous ses vols pour cette destination. Étrange,
quand tous les guides parlent de joyau des Philippines. Si on veut
venir par compagnie régulière il faut dorénavant aller à Puerto
Princessa puis se farcir 8 heures de jeepney (il y a 300 kilomètres),
ces motos pousse pousse. Encore pire que pour Camiguin ! Ou
prendre un bateau depuis Coron, qui met aussi 8 heures. Pourtant
c'est apparemment ce que les autres font car j’étais le seul
passager à bord à ne pas être client d'un resort. Je l'ai su en
arrivant à destination, quand tous les autres sont montés dans une
navette privée, me laissant sur le tarmac.
Les démonstrations de
sécurité se sont faites dans le salon lounge. Aucune hôtesse de
l'air n'est montée dans l'avion. Auraient elles peur ?
El Nido |
C'est la
première fois que je vois ça, l'avion attend juste à côté du
lounge. J'ai l'impression d'avoir mon jet privé. Jet un peu
défraîchi tout de même. Pour faire chic les reposes coudes ont été
recouverts de tissu blanc épais comme ces nappes de grand hôtel,
sauf que la blancheur n'est plus ce qu'elle était à l'origine,
disons quelques années auparavant. Pour l'appuie tête il en va de
même. L'avion est un coucou à hélice bas de cul et de plafond qui
peut emporter 19 passagers. Nous somme 15. La cabine des pilotes n'a
pas de porte, j'ai donc pu les regarder faire tout à loisir. Pour le
décollage ils s'y sont mis à deux pour tenir la manette à fond.
Pendant ce temps là on était dans les nuages. Pas à l'extérieur
mais à l'intérieur ! Tout s'est enveloppé d'une brume qui
venait par le sol et par le toit. On se serait crû dans le clip
« Thriller » de Michael Jackson ! Je regardais aussi
l'état de l'appareil, pas folichon.
Plage 1 |
Le bord des hublots avait été
consolidé par du mastic qui ressemblait à du chewing-gum et en
appuyant dessus ça s'effritait. De plus le hublot avait l'air fêlé,
il y avait des stries douteuses dans les angles. Je me suis rassuré
en me disant que si l'avion devait se scratcher, il l'aurait déjà
fait ou qu'il pourrait attendre un voyage de plus. Car l'engin fait
la rotation Manille-El Nido trois fois par jour. Et puis au retour je
prends une compagnie régulière depuis El Coron, la même que j'ai
prise auparavant et dont la flotte est récente. Je suis sauvé !
L'arrivée à Palawan
s’est faite dans les nuages mais le paysage avait l'air malgré
tout très prometteur. El Nido est entourée par une multitude d’îles
qui pourraient ressembler aux Rock Islands à la différence qu'elles
sont plus hautes et offrent des falaises abruptes qui se jettent dans
la mer. On est dans l'archipel de Bacuit, l'un des plus beaux
endroits sur terre qui selon le guide Lonely Planet rappelle la baie
d'Along ou les sites de Krabi et Koh Phi Phi, mais en encore plus
beau et le monde en moins !
Plage 1 |
On comprend aisément pourquoi je
souhaitais me rendre ici. Camiguin n'était qu'un interlude que j'ai
découvert plus tard en organisant mon tour aux Philippines. A
l'origine je venais uniquement pour voir Palawan. Cela faisait des
années que j'en rêvais et ce, bien avant que Koh Lanta n'y soit
tourné. Ce n'est pas ma faute, mais c'est comme avec le capitaine
James Cook, ils vont partout où je veux aller, ça en devient
pénible ! La version suédoise de Survivor s'y est également
jouée.
Bien que le temps soit
couvert, j'avais pris spécialement le premier vol pour arriver dans
mon terrain de jeux le plus tôt possible. L'avion est pour moi comme
un bus qui me permettait d'arriver à destination où le kayak
m'attendait. C'est comme ceux qui prennent la benne pour aller skier.
On a été accueilli avec des femmes à la guitare qui chantaient
pour nous, avec une vache couleur locale qu'elles tenaient en
laisse ! Un accueil à la polynésienne qui ravivait des
souvenirs émus...
Plage 2 |
J'avais deux options :
filer à l’hôtel directement et perdre du temps ou aller au
réceptif El Nido Boutique & Art Café pour louer le kayak et
partir tout de suite naviguer. Comme j'avais vu en arrivant que le
temps n'était couvert que lorsqu'on avait approché Palawan et que
le vent venait de là où il faisait beau, j'ai jugé que ça allait
se lever et j'ai donc tout de suite loué le kayak, laissant mes sacs
à la réception. Il était à peine 9h30. El Nido est l'un de ces
bleds asiatiques crasseux et grouillant, un mélange de tout, où
tout semble déglingué et livré à soi même, où même la moto
n'arrivait pas à passer, slalomant comme elle pouvait entre les
détritus, les sacs de chargements laissés sur le sol, les chiens et
les coqs. Malgré ce bordel, j'ai croisé plein de touristes
occidentaux qui se promenaient là dedans comme sur la Croisette.
J'ai laissé tout ce petit monde, donnant de bons coups de pagaie pou
m'éloigner au plus vite de ce trou.
Plage 4 |
En principe l’hôtel
que j'ai choisi est à l'extérieur de la ville - j'avais senti venir
le coup - et avec la lecture des critiques sur Tripadvisor, je
devrais être bien. J'utilise Tripadvisor pour trouver les hôtels
chaque fois que je le peux ou pour confirmer des choix. Les mentions
des guides touristiques sont trop aléatoires et subjectives pour me
convenir. Tripadvisor, pour ceux qui ne connaissent pas, est un site
indépendant où les clients qui ont résidé dans des hôtels
laissent leur avis. Tout avis est publié à partir du moment où il
reste non insultant. On y trouve à peu près tous les hôtels qui
existent de par le monde. Il y a un système d'étoiles, moyenne de
tous les commentaires, qui permet un classement. Et aussi
généralement une gamme de prix à côté du nom de l’hôtel. Je
fais une première sélection en regardant le rang et le prix
indicatif. Puis après, devant la multitude des avis, je vais lire
ceux qui ont mis « Mauvais » ou « Épouvantable »
et j'essaye de voir si entre les messages il y a un point commun.
Plage 6 |
Si
je lis « bruyant », je fuis ! L'avantage des
critiques négatives est aussi que je suis certain que c'est un avis
indépendant. Car rien n’empêche l’hôtel de se créer de faux
vrais profils pour laisser de pseudos commentaire élogieux de
clients fictifs. Tripadvisor est largement connu dans le monde du
tourisme et les mieux classés affichent fièrement l'autocollant
« recommandé Tripadvisor » à leur réception et
demandent aux clients de laisser un avis, cherchant à garder leur
bonne position. Les guides Michelin et autres ont du souci à se
faire. Les consommateurs sont à même de juger et avec internet ils
peuvent centraliser leurs avis. C'est l'avantage d'internet. Avant un
client mécontent était juste un client qui ne reviendrait pas, et
puis c'est tout. Désormais internet change la donne : c'est
quelqu'un qui va peut être laisser un mauvais commentaire sur
Tripadvisor et donc empêcher des clients potentiels de venir. Ça
fait donc monter le niveau de service et la qualité. Ce que ne fait
pas un guide touristique dont les critiques datent de plusieurs
années.
Plage 4 |
Plage 2 |
Dès que j'ai quitté El
Nido, en mettant le cap sur l'ile la plus proche, Cadlao, j'ai
retrouvé le calme et la paix. Les joies du kayak aussi. Le guide
Lonely Planet dit de Cadlao que c'est un mini Tahiti transposé en
Asie. Il y a de quoi susciter des envie de s'y rendre pour y faire
son propre avis ! Je dirais juste que c'est incorrect, c’est
plus un mini Bora Bora, au sens que de dresse fièrement au centre de
l'île un dôme très haut qui tombe d'autant plus vite dans la mer
que l’île est petite. Tout autour de El Nido ce ne sont que des
îles inhabitées sauf trois qui ont les resorts de luxe qui
drainent les gens venus par l'avion que j'ai pris. De temps en temps
on croise su ces îles inhabitées de cases de pécheurs, une ou
deux, rien de bien méchant, ça reste sauvage pour mon plus grand
bonheur. Le terrain de jeu est vaste. Sur la carte on peut avoir
l'impression que je n'ai rien navigué du tout mais ça a été une
journée de rame, m’arrêtant pour prendre un bain, faire du
snorkeling ou manger seulement.
Plage 6 |
Je ne suis resté que trente minutes
sur une plage, allongé le temps de me reposer un peu. Mais c’est
ce que j'aime. J'ai besoin d'action et de découvertes, sinon j'ai
l'impression de passer à côté de ce que les endroits ont à
offrir. Me voilà devenu un féru de kayak. Kayak, masque et tuba
sont mes compagnons d'aventure idéals. Avec eux je vais où je veux,
m’arrêtant quand je veux et aussi longtemps que je veux !
C'est l'idéal. Le kayak est mon vélo des mers ! Je retrouve
les joies que j'avais connues à Palau, c'est comme un peu un
épilogue. Dommage que ce ne soit que pour la journée. Pourtant
l'archipel est vaste et les plages désertes nombreuses, il y aurait
de quoi monter une affaire en proposant des circuits d'aventure en
complète autonomie avec nuit sur les îles, comme ce que fait
Paddling Palau. Il suffirait juste à convaincre les autorités
d'ouvrir les îles au camping contre régulation. Si ce n'est pas
déjà le cas. Les pécheurs ont bien le droit d'y dormir, alors
pourquoi pas un kayak ?
Plage 6 |
Les falaises sont si
hautes que j'ai du mal à faire de jolies photos. Déjà sur les
photos je suis un peu déçu du résultat car on ne se rend
absolument pas compte de la hauteur de ce qui est au dessus de nos
têtes et c'est bien dommage. C'est tellement grandiose. Par
ailleurs, comme les falaises occupent tout l'horizon les réglages
d'exposition se font sur les falaises, plus sombres que le ciel,
amenant souvent à faire des photos surexposées. Un moment dans la
journée je m'en suis rendu compte, sous exposant alors le reste des
prises de vue. Pour ceux qui s'y rendront c'est un conseil que je
donne : sous exposez vos photos !
J'attaque fort
aujourd'hui et droit au but dès mon arrivée. Pas le temps de
s'installer, direct au cœur du sujet sans préliminaires. Je veux
que toutes mes journées ressemblent à ça. Pas question de traîner,
je ne dispose que de quatre petites journées pour explorer
l'archipel.
Plage 6 |
Demain je suis obligé d'opter pour un tour organisé
pour aller explorer les îles plus distantes. Je me suis inscrit à
une sortie sur Miniloc, le clou de Bacuit selon l'avis de tous.
Espérons que le temps soit avec moi. Je ne me fais pas trop de
souci, au final aujourd'hui aura été une belle journée, le soleil
est sorti généreusement à partir de midi, annonçant sans doute la
venue du beau temps pour les jours qui viennent.
Cadlao, selon la carte,
dispose de deux plages le long du parcours que j'ai fait, mais j'en
ai vu bien plus, six en tout, aussi j'ai été obligé de leur
donner un numéro à défaut de connaître leur nom. A moins qu'il ne
s'agisse de plages secrètes et que je sois le premier à les
découvrir ! La plus belle est la dernière, ourlée de nombreux
cocotiers, direct au pied d'une falaise qui tombe à 90 degrés.
C’est si haut que si on veut regarder en l'air on doit se faire un
torticolis.
Ipil Beach |
Décidément ces paysages spectaculaires sont la perle de
l'Asie. On ne les retrouve nulle part ailleurs. J'aimerais ne pas
avoir à rentrer, et camper là, déballer mes bidons et déplier la
tente. Ça me rappelle tellement Palau que je retrouve les mêmes
réflexes. C'est le bonheur. Du coup je suis rentré en faisant un
grand crochet vers Ipil Beach, une traversée qui a bien dû me
prendre une heure avec le vent en face. En plus le kayak n'a rien à
voir avec celui que j'avais à Palau. Celui là est un deux places,
faute d'avoir pu obtenir un individuel, et étant assis à l'arrière
l'avant tape à la moindre vaguelette et le vent le fait se déporter
comme si c'était une voile. J'avais deux options, m'asseoir devant
ou à l'arrière. J'ai pensé que l'arrière serait mieux, question
d'être moins freiné par mon poids. Et vous, quelle place auriez
vous choisie ?
Je ne suis pas resté
bien longtemps à Ipil Beach, il y avait une maison sur un côté de
la plage avec deux clebs qui sont venus défendre leur territoire.
Saletés ! La plage n'était pourtant pas propriété privée,
je n'aime pas être emmerdé par des clebs qui ont décidé qu'il en
était autrement.
Comme rien ne pouvait apaiser leur hargne, j'ai été
contraint de déguerpir de là, après avoir juste pris un bain pour
me rafraîchir. Voyez pourquoi les chiens et moi on est fâchés.
Chaque fois qu'il y en a un, ça pourri l'ambiance. Je suis donc
rentré sur les coups de 16 heures, arrivant à El Nido une demie
heure plus tard, après avoir croisé tous les petits bateaux qui
rentraient des excursions du jour. L'avantage est que je suis arrivé
à l’hôtel avant la tombée de la nuit. Pour y parvenir, il faut
prendre une moto-taxi qui n'a de cesse de traverser des cases en tôle
qui débordent de monde, une fenêtre touchant le rebord de l'autre.
De temps en temps des hôtels ont pris racine là dedans et chaque
fois que l'on passait près de l'un d'eux je priais pour que ce ne
soit pas le mien. Mettez moi là et je meurs ! Heureusement
l’hôtel est dans une baie où il n'y a pas de maisons autour, avec
un petit chemin qui conduit à la mer, s'éloignant de cette route
bruyante qui pétarade en permanence. Le site est très joli, les
chambres sont dans un bâtiment à deux niveaux et disposent toutes
de la vue sur la mer et d'un balcon ou une terrasse. Ma terrasse
donne à coté de la piscine avec des chaises longues qui m'attendent
sur la pelouse et qui se poursuivent sur un ponton au dessus de l'eau
où l'on peut s'asseoir pour contempler le coucher du soleil un verre
à la main. C'est parfait. Merci Tripadvisor !
Le retour des belles plages ;-)
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