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mercredi 7 mars 2012

Kayak à Palawan


Plage 1

C'est normal!
C'est étonnant car à l’hôtel personne ne connaît ITI, la compagnie qui dessert El Nido pour les clients des resorts de luxe et qui prend d'autres passagers s'il reste de la place. A croire que je suis le premier. D'un autre côté les chauffeurs de taxi ne connaissent pas non plus l’hôtel où j'étais. Ils n'ont pas l'air très doués. J'avais un plan pour me rendre à ITI que la compagnie m'avait transmis avec la confirmation du vol; c'est tout à côté de l’hôtel. Je leur montrais où l'on était, leur disant qu'il fallait tourner à droite au carrefour puis la prochaine à droite juste après la station d'essence Shell, ils étaient dubitatifs et parcouraient les rues du doigt sur mon écran d'ordinateur comme si ça allait les guider. J'en avais déjà parlé hier soir et c'était le même topo, ils avaient même conclu de m’amener à l'aéroport international où quelqu'un serait à même de me renseigner étant donné que c'est là où toutes les compagnies ont leur siège. Sauf que moi c'est un truc spécial et qu'ils ne sont pas dans l'aéroport international. Passez moi les clefs du taxi que je conduise !
Ils me réclamaient aussi deux fois le prix de la course au motif qu'ils devaient m'attendre au bureau d'ITI le temps que je paye le ticket, avant qu'ils me conduisant au bon terminal que la compagnie m'aura indiqué. Je trouve ça un peu gonflé, c'était sur le chemin. Passons ! J'ai fait le guide à l'arrière, menant un chauffeur aveugle ! Au final j'aurais pu y aller à pied, il devait à peine y avoir un kilomètre. Mais bon, avec les sacs... La bonne nouvelle c'est que l'embarquement a lieu depuis le bureau de la compagnie. J'ai donc laissé le taxi là, divisant pour le coup le prix de la course par deux puisqu'ils n'avaient plus à me mener à l'aéroport. La compagnie a ses propres machines à rayons X. J'ai dû malgré tout ouvrir les sacs en sortie et dire ce qu'il y avait à l'intérieur pendant que la préposée me faisait parler voyages pour rendre la chose moins pénible et pendant qu'un type me palpait. N'oublions pas que cette compagnie dessert les hôtels de luxe et que sa clientèle est donc constituée de VIP. Service sur mesure donc. Passé les contrôles ça a été pareil, je me suis vu offrir boisson chaude, jus d'orange et muffin le temps que le bureau ouvre.
ITI est la seule compagnie qui reste qui dessert El Nido. La seule compagnie régulière avant, Seair, à qui j'avais acheté mon billet à l'origine, a décidé d'annuler tous ses vols pour cette destination. Étrange, quand tous les guides parlent de joyau des Philippines. Si on veut venir par compagnie régulière il faut dorénavant aller à Puerto Princessa puis se farcir 8 heures de jeepney (il y a 300 kilomètres), ces motos pousse pousse. Encore pire que pour Camiguin ! Ou prendre un bateau depuis Coron, qui met aussi 8 heures. Pourtant c'est apparemment ce que les autres font car j’étais le seul passager à bord à ne pas être client d'un resort. Je l'ai su en arrivant à destination, quand tous les autres sont montés dans une navette privée, me laissant sur le tarmac.
Les démonstrations de sécurité se sont faites dans le salon lounge. Aucune hôtesse de l'air n'est montée dans l'avion. Auraient elles peur ? 
El Nido
C'est la première fois que je vois ça, l'avion attend juste à côté du lounge. J'ai l'impression d'avoir mon jet privé. Jet un peu défraîchi tout de même. Pour faire chic les reposes coudes ont été recouverts de tissu blanc épais comme ces nappes de grand hôtel, sauf que la blancheur n'est plus ce qu'elle était à l'origine, disons quelques années auparavant. Pour l'appuie tête il en va de même. L'avion est un coucou à hélice bas de cul et de plafond qui peut emporter 19 passagers. Nous somme 15. La cabine des pilotes n'a pas de porte, j'ai donc pu les regarder faire tout à loisir. Pour le décollage ils s'y sont mis à deux pour tenir la manette à fond. Pendant ce temps là on était dans les nuages. Pas à l'extérieur mais à l'intérieur ! Tout s'est enveloppé d'une brume qui venait par le sol et par le toit. On se serait crû dans le clip « Thriller » de Michael Jackson ! Je regardais aussi l'état de l'appareil, pas folichon. 
Plage 1
Le bord des hublots avait été consolidé par du mastic qui ressemblait à du chewing-gum et en appuyant dessus ça s'effritait. De plus le hublot avait l'air fêlé, il y avait des stries douteuses dans les angles. Je me suis rassuré en me disant que si l'avion devait se scratcher, il l'aurait déjà fait ou qu'il pourrait attendre un voyage de plus. Car l'engin fait la rotation Manille-El Nido trois fois par jour. Et puis au retour je prends une compagnie régulière depuis El Coron, la même que j'ai prise auparavant et dont la flotte est récente. Je suis sauvé !
L'arrivée à Palawan s’est faite dans les nuages mais le paysage avait l'air malgré tout très prometteur. El Nido est entourée par une multitude d’îles qui pourraient ressembler aux Rock Islands à la différence qu'elles sont plus hautes et offrent des falaises abruptes qui se jettent dans la mer. On est dans l'archipel de Bacuit, l'un des plus beaux endroits sur terre qui selon le guide Lonely Planet rappelle la baie d'Along ou les sites de Krabi et Koh Phi Phi, mais en encore plus beau et le monde en moins ! 
Plage 1
On comprend aisément pourquoi je souhaitais me rendre ici. Camiguin n'était qu'un interlude que j'ai découvert plus tard en organisant mon tour aux Philippines. A l'origine je venais uniquement pour voir Palawan. Cela faisait des années que j'en rêvais et ce, bien avant que Koh Lanta n'y soit tourné. Ce n'est pas ma faute, mais c'est comme avec le capitaine James Cook, ils vont partout où je veux aller, ça en devient pénible ! La version suédoise de Survivor s'y est également jouée.
Bien que le temps soit couvert, j'avais pris spécialement le premier vol pour arriver dans mon terrain de jeux le plus tôt possible. L'avion est pour moi comme un bus qui me permettait d'arriver à destination où le kayak m'attendait. C'est comme ceux qui prennent la benne pour aller skier. On a été accueilli avec des femmes à la guitare qui chantaient pour nous, avec une vache couleur locale qu'elles tenaient en laisse ! Un accueil à la polynésienne qui ravivait des souvenirs émus...
Plage 2
J'avais deux options : filer à l’hôtel directement et perdre du temps ou aller au réceptif El Nido Boutique & Art Café pour louer le kayak et partir tout de suite naviguer. Comme j'avais vu en arrivant que le temps n'était couvert que lorsqu'on avait approché Palawan et que le vent venait de là où il faisait beau, j'ai jugé que ça allait se lever et j'ai donc tout de suite loué le kayak, laissant mes sacs à la réception. Il était à peine 9h30. El Nido est l'un de ces bleds asiatiques crasseux et grouillant, un mélange de tout, où tout semble déglingué et livré à soi même, où même la moto n'arrivait pas à passer, slalomant comme elle pouvait entre les détritus, les sacs de chargements laissés sur le sol, les chiens et les coqs. Malgré ce bordel, j'ai croisé plein de touristes occidentaux qui se promenaient là dedans comme sur la Croisette. J'ai laissé tout ce petit monde, donnant de bons coups de pagaie pou m'éloigner au plus vite de ce trou.
Plage 4
En principe l’hôtel que j'ai choisi est à l'extérieur de la ville - j'avais senti venir le coup - et avec la lecture des critiques sur Tripadvisor, je devrais être bien. J'utilise Tripadvisor pour trouver les hôtels chaque fois que je le peux ou pour confirmer des choix. Les mentions des guides touristiques sont trop aléatoires et subjectives pour me convenir. Tripadvisor, pour ceux qui ne connaissent pas, est un site indépendant où les clients qui ont résidé dans des hôtels laissent leur avis. Tout avis est publié à partir du moment où il reste non insultant. On y trouve à peu près tous les hôtels qui existent de par le monde. Il y a un système d'étoiles, moyenne de tous les commentaires, qui permet un classement. Et aussi généralement une gamme de prix à côté du nom de l’hôtel. Je fais une première sélection en regardant le rang et le prix indicatif. Puis après, devant la multitude des avis, je vais lire ceux qui ont mis « Mauvais » ou « Épouvantable » et j'essaye de voir si entre les messages il y a un point commun. 
Plage 6
Si je lis « bruyant », je fuis ! L'avantage des critiques négatives est aussi que je suis certain que c'est un avis indépendant. Car rien n’empêche l’hôtel de se créer de faux vrais profils pour laisser de pseudos commentaire élogieux de clients fictifs. Tripadvisor est largement connu dans le monde du tourisme et les mieux classés affichent fièrement l'autocollant « recommandé Tripadvisor » à leur réception et demandent aux clients de laisser un avis, cherchant à garder leur bonne position. Les guides Michelin et autres ont du souci à se faire. Les consommateurs sont à même de juger et avec internet ils peuvent centraliser leurs avis. C'est l'avantage d'internet. Avant un client mécontent était juste un client qui ne reviendrait pas, et puis c'est tout. Désormais internet change la donne : c'est quelqu'un qui va peut être laisser un mauvais commentaire sur Tripadvisor et donc empêcher des clients potentiels de venir. Ça fait donc monter le niveau de service et la qualité. Ce que ne fait pas un guide touristique dont les critiques datent de plusieurs années.

Plage 4

Plage 2
Dès que j'ai quitté El Nido, en mettant le cap sur l'ile la plus proche, Cadlao, j'ai retrouvé le calme et la paix. Les joies du kayak aussi. Le guide Lonely Planet dit de Cadlao que c'est un mini Tahiti transposé en Asie. Il y a de quoi susciter des envie de s'y rendre pour y faire son propre avis ! Je dirais juste que c'est incorrect, c’est plus un mini Bora Bora, au sens que de dresse fièrement au centre de l'île un dôme très haut qui tombe d'autant plus vite dans la mer que l’île est petite. Tout autour de El Nido ce ne sont que des îles inhabitées sauf trois qui ont les resorts de luxe qui drainent les gens venus par l'avion que j'ai pris. De temps en temps on croise su ces îles inhabitées de cases de pécheurs, une ou deux, rien de bien méchant, ça reste sauvage pour mon plus grand bonheur. Le terrain de jeu est vaste. Sur la carte on peut avoir l'impression que je n'ai rien navigué du tout mais ça a été une journée de rame, m’arrêtant pour prendre un bain, faire du snorkeling ou manger seulement. 
Plage 6
Je ne suis resté que trente minutes sur une plage, allongé le temps de me reposer un peu. Mais c’est ce que j'aime. J'ai besoin d'action et de découvertes, sinon j'ai l'impression de passer à côté de ce que les endroits ont à offrir. Me voilà devenu un féru de kayak. Kayak, masque et tuba sont mes compagnons d'aventure idéals. Avec eux je vais où je veux, m’arrêtant quand je veux et aussi longtemps que je veux ! C'est l'idéal. Le kayak est mon vélo des mers ! Je retrouve les joies que j'avais connues à Palau, c'est comme un peu un épilogue. Dommage que ce ne soit que pour la journée. Pourtant l'archipel est vaste et les plages désertes nombreuses, il y aurait de quoi monter une affaire en proposant des circuits d'aventure en complète autonomie avec nuit sur les îles, comme ce que fait Paddling Palau. Il suffirait juste à convaincre les autorités d'ouvrir les îles au camping contre régulation. Si ce n'est pas déjà le cas. Les pécheurs ont bien le droit d'y dormir, alors pourquoi pas un kayak ?
Plage 6
Les falaises sont si hautes que j'ai du mal à faire de jolies photos. Déjà sur les photos je suis un peu déçu du résultat car on ne se rend absolument pas compte de la hauteur de ce qui est au dessus de nos têtes et c'est bien dommage. C'est tellement grandiose. Par ailleurs, comme les falaises occupent tout l'horizon les réglages d'exposition se font sur les falaises, plus sombres que le ciel, amenant souvent à faire des photos surexposées. Un moment dans la journée je m'en suis rendu compte, sous exposant alors le reste des prises de vue. Pour ceux qui s'y rendront c'est un conseil que je donne : sous exposez vos photos !
J'attaque fort aujourd'hui et droit au but dès mon arrivée. Pas le temps de s'installer, direct au cœur du sujet sans préliminaires. Je veux que toutes mes journées ressemblent à ça. Pas question de traîner, je ne dispose que de quatre petites journées pour explorer l'archipel. 
Plage 6
Demain je suis obligé d'opter pour un tour organisé pour aller explorer les îles plus distantes. Je me suis inscrit à une sortie sur Miniloc, le clou de Bacuit selon l'avis de tous. Espérons que le temps soit avec moi. Je ne me fais pas trop de souci, au final aujourd'hui aura été une belle journée, le soleil est sorti généreusement à partir de midi, annonçant sans doute la venue du beau temps pour les jours qui viennent.
Cadlao, selon la carte, dispose de deux plages le long du parcours que j'ai fait, mais j'en ai vu bien plus, six en tout, aussi j'ai été obligé de leur donner un numéro à défaut de connaître leur nom. A moins qu'il ne s'agisse de plages secrètes et que je sois le premier à les découvrir ! La plus belle est la dernière, ourlée de nombreux cocotiers, direct au pied d'une falaise qui tombe à 90 degrés. C’est si haut que si on veut regarder en l'air on doit se faire un torticolis. 
Ipil Beach
Décidément ces paysages spectaculaires sont la perle de l'Asie. On ne les retrouve nulle part ailleurs. J'aimerais ne pas avoir à rentrer, et camper là, déballer mes bidons et déplier la tente. Ça me rappelle tellement Palau que je retrouve les mêmes réflexes. C'est le bonheur. Du coup je suis rentré en faisant un grand crochet vers Ipil Beach, une traversée qui a bien dû me prendre une heure avec le vent en face. En plus le kayak n'a rien à voir avec celui que j'avais à Palau. Celui là est un deux places, faute d'avoir pu obtenir un individuel, et étant assis à l'arrière l'avant tape à la moindre vaguelette et le vent le fait se déporter comme si c'était une voile. J'avais deux options, m'asseoir devant ou à l'arrière. J'ai pensé que l'arrière serait mieux, question d'être moins freiné par mon poids. Et vous, quelle place auriez vous choisie ?
Je ne suis pas resté bien longtemps à Ipil Beach, il y avait une maison sur un côté de la plage avec deux clebs qui sont venus défendre leur territoire. Saletés ! La plage n'était pourtant pas propriété privée, je n'aime pas être emmerdé par des clebs qui ont décidé qu'il en était autrement. 
Comme rien ne pouvait apaiser leur hargne, j'ai été contraint de déguerpir de là, après avoir juste pris un bain pour me rafraîchir. Voyez pourquoi les chiens et moi on est fâchés. Chaque fois qu'il y en a un, ça pourri l'ambiance. Je suis donc rentré sur les coups de 16 heures, arrivant à El Nido une demie heure plus tard, après avoir croisé tous les petits bateaux qui rentraient des excursions du jour. L'avantage est que je suis arrivé à l’hôtel avant la tombée de la nuit. Pour y parvenir, il faut prendre une moto-taxi qui n'a de cesse de traverser des cases en tôle qui débordent de monde, une fenêtre touchant le rebord de l'autre. De temps en temps des hôtels ont pris racine là dedans et chaque fois que l'on passait près de l'un d'eux je priais pour que ce ne soit pas le mien. Mettez moi là et je meurs ! Heureusement l’hôtel est dans une baie où il n'y a pas de maisons autour, avec un petit chemin qui conduit à la mer, s'éloignant de cette route bruyante qui pétarade en permanence. Le site est très joli, les chambres sont dans un bâtiment à deux niveaux et disposent toutes de la vue sur la mer et d'un balcon ou une terrasse. Ma terrasse donne à coté de la piscine avec des chaises longues qui m'attendent sur la pelouse et qui se poursuivent sur un ponton au dessus de l'eau où l'on peut s'asseoir pour contempler le coucher du soleil un verre à la main. C'est parfait. Merci Tripadvisor !



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