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jeudi 15 mars 2012

Tao Expeditions J5


Pass Island, là où nous avons campé.

Pass Island
Le fils de Romi me demande tous les soirs où je vais dormir. C'est lui qui installe les matelas et moustiquaires. Il doit en avoir marre de faire ça pour moi, pour rien car il voit bien le matin que rien n'est défait. Je lui ai répondu que je n'en savais rien et ça n'avait pas l'air de beaucoup l'aider, à moi non plus d'ailleurs ! J'attendais en fait le dernier moment pour voir le coin qui me permettrait de dormir au mieux. Je songeais rester sur la plage mais il y avait du vent qui risquait de faire claquer la toile et comme souvent le vent se lève la nuit...De plus la plage étant exposée plein est , par là où le vent s'engouffre, j'ai préféré mettre la tente sous un abri du belvédère en haut du point de vue, où il n'y avait pas de vent, sauf sur le matin. J'ai dormi avec les étoiles et les îles face à moi, c'était très chouette comme coin pour la dernière nuit. Ce matin le vent soufflait très fort et quand je suis redescendu je me suis dit qu'ils avaient dû souffrir sous leur moustiquaire exposée aux quatre vents. En effet le campement de la nuit dernière était composé de tables où les matelas avait été posés, sous un abri sans mur.
Au moins dans cet état là il a réveillé personne ce matin
Quand j'ai vu la mine des autres j'ai tout de suite compris. Information prise, ça a été un cauchemar. Comme quoi on peut mal dormir au paradis ! J'avais bien senti le truc venir et Lucinda, l'une des anglaises, m'a félicité dans mon choix en rajoutant qu'elle aurait dû me suivre, qu'après cinq mois de tour du monde, je dois être devenu expert dans le dénichage de coins tranquilles.
Ce matin comme prévu le coq n'est plus de ce monde. Là où il était ne se trouvent plus que deux pattes en croix avec la tête dessus, façon bannière de pirate ! Nous sommes allés faire du snorkeling dans un site époustouflant, avec des coraux de toutes sortes, de toutes les couleurs et de toutes les formes. Avec un eau d'un incroyable clarté. C'était magnifique, on se serait crû dans des floralies. On a même pourchassé une tortue, une grosse, de celles qui viennent sur les plages pour pondre. Je la suivais, la regardant nager paisiblement, avec ses deux pattes arrière écarquillées.
Oui je tiens la barre, et alors?
Elle tournait la tête de temps en temps de droite te de gauche, pour regarder le paysage. J'ai vu aussi un très gros poisson avec une bosse sur la tête et un poisson pilote accroché à ses flancs. Je ne l'avais encore jamais vu. Avec le guide qui est à bord, j'ai tout de suite pu l'identifier. C'est le plus grand poisson perroquet qui existe, le Humphead Parotfish, qui atteint 1m30 de long. Il n'est pas très joli avec sa tête difforme et il est tout gris. Du coup il se cache un peu plus dans les profondeurs mais avec la clarté de l'eau j'ai bien pu le regarder. J'ai aussi vu un poisson clown, bien plus gros que la normale et rouge. Il dépassait de son anémone. Je suis remonté à bord pour faire des essais avec l'appareil photo sous marin. Je suis dégoûté qu'il ne marche plus. C'est si beau, les fonds sont si colorés, ça surpasse tout ce que j'ai pu voir jusqu'à présent et je n'ai rien pour immortaliser cet instant. J'ai tout essayé, cassé pour cassé je l'ai tapé contre la coque du navire, rien à faire. Il est mort de chez mort. Les autres continuaient eux à batifoler avec leur joujou. Il y a de quoi être dégoutté. Lucinda l'est aussi, le sien, c'est encore pire, est mort une semaine après l'avoir utilisé. Pourquoi faire des appareils étanches s'ils ne le sont pas ?
Après cette pause euphorisante nous sommes allé jeter l'ancre le long de l’île de Sangat où Romi nous avait parlé de sources d'eaux chaudes. Mais arrivé à destination il n'en disait plus rien, invitant les gens à aller se baigner le temps que le déjeuner soit servi. Sans doute un changement d'itinéraire inopiné...
Coral Garden, Lusong Island
Comme il y avait des patates de corail, je me suis saisi à nouveau du masque et tuba mais ça n'avait rien à voir avec le jardin précédent et la visibilité n'était pas très bonne aussi je n'ai pas tardé à remonter à bord. Les autres pendant ce temps là m'avaient tous imité se rendant dans une autre direction. Romi m'a hélé depuis le bateau m'informant qu'ils allaient aux sources d'eaux chaudes. J'ai donc donné de grandes brasses pour les rattraper. Je les ai vu s'enfoncer dans la mangrove tandis qu'Helen, l'autre anglaise, renonçait à entrer là dedans. Mais dès qu'elle m'a vu elle m'a suivi. En fait elle ne voulait pas nager dan la mangrove toute seule. Sans doute la peur du crocodile...
Dans l'espèce de chemin d'accès qui se faufilait entre les racines des palétuviers, c'était très étrange de plonger là, dans une eau verte avec toutes les racines autour. L'eau était déjà devenue plus chaude en surface et formait avec l'eau plus froide comme des couches quand l'huile et le vinaigre ne veulent pas se mélanger.
Coral Garden, Lusong Island
Il y avait des poisons qui évoluaient en groupe, jamais vus avant, sans doute des spécimens adaptés aux eaux chaudes. Arrivé au rivage, il y avait comme une petite piscine de formée avec un muret où nous avons pris place. Seule l'eau en surface était plus chaude. C'était marée haute, d'ordinaire l'eau dans le bassin est plus chaude que ça. On avait l'impression d’être dans un bain et quand Romi nous a rejoint j'ai plaisanté avec le fait qu'il faudrait qu'il nous apporte à manger ici avec le kayak. Personne n'avait envie après ça de refaire le chemin dans l'autre sens, dans une eau plus froide. La source est vraiment cachée, rien n'indique l'accès et le chenal qui se faufile entre les palétuviers est large comme le corps seulement. C'était notre spa secret ! Comme Romi était venu en kayak qu'il avait laissé à l'extérieur de la mangrove, je suis monté avec lui et Helen. On a doublé tout le monde et on était bien content de ne pas avoir à nager si longtemps dans une eau qui nous filait la chair de poule après ça.
Au déjeuner le coq s'était transformé en bouillon de légumes avec des morceaux dedans. La bestiole était trop vieille et trop coriace, ils ont dû le faire bouillir pendant deux heures. Pour ce résultat, ils auraient pu le laisser vivre... On a eu droit aussi à des nuggets de poisson et pour une fois j'en redemandais. Trempés dans du vinaigre de coco c’est un délice ! Après le repas, on est allé de l'autre côté de l’île, pour voir un vieux bateau coulé que nous avons eu beaucoup de peine à localiser. Il devait être à la verticale de la boue où l'on s'était amarré mais quand j'y suis allé je n'ai vu qu'une corde qui s'enfonçait dans de l'eau bleu marine. Peut être avait il fini par sombrer définitivement ! En nageant un peu autour j'ai fini par trouver une autre corde avec le bateau fantôme au bout et j'ai fait des signes aux autres restés sur le bateau, qui attendaient de voir si ça valait la peine de plonger. C'était moins joli que le premier navire que nous étions allés explorer. Mais ça rend quand même bien, on s'attendrait presque à voir un squelette humain dans la cale.
Coron Island
Quand on arrive à Coron, il y a une île à côté, bien plus grande que je pensais, haute et tarabiscotée qui me rappelle Koh Phi Phi. C'est Coron Island, l’île que je compte bien aller explorer dès demain, sans plus attendre, la curiosité principale de Coron avec ses lacs intérieurs magiques. Déjà de l'extérieur elle a l'air complètement magique te semble flotter dans la baie comme un paquebot, tranchant avec le reste du paysage, moins abrupt et constitué de collines relativement arides. A l'entrée de la baie de Coron, il y a des lettres reprenant le nom de la ville en haut d'une colline, comme à Hollywood, c'est marrant.
On avait décidé de laisser un pourboire à l'équipage et quand j'ai ouvert mon portefeuille pour prendre un billet je me suis aperçu que je n'avais plus que 3000 pesos. Hier matin, avant d'aller au village j'avais été surpris de ne trouver que 4000 pesos alors que j'avais échangé 5000 pesos la veille de notre départ. Je n’avais rien dit hier, pensant que je les avais peut être égarés ou que je ne me souvenais plus d'avoir acheté quelque chose avec. Pourtant 1000 pesos ici c'est 20 euros et on peut faire beaucoup avec, aussi forcément il m'aurait resté des petits billets si je l'avais utilisé. Aujourd'hui devant le fait que je n'en avais plus que 3000 alors qu'hier j'avais tout compté, c'était certain que je me m'étais fait voler de l'argent, et à deux reprises.
Coron
Mon portefeuille restait toute la journée sur le bateau, dans un sac plastique avec l'ordinateur, là où l'on entreposait tous nos bagages. Qui ça peu être ? Pas un villageois qui serait monté à bord car ce ne serait arrivé qu'une fois. Un des passagers ? Ça m'étonnerait. Ce n'était pas le style du groupe. J'ai donc de forte présomptions sur les membres d'équipage mais je n'ai rien dit pour ne pas créer un scandale et mettre Romi mal à l'aise car il était très bien et je ne le vois pas faire ça. Il a trop besoin de son job. En tout cas du coup je n'ai pas laissé de pourboire, estimant qu'ils se l'étaient bien payé et dès que je suis arrivé à l’hôtel j'ai envoyé un mail à Tao Philippines pour leur raconter ce qui s'était passé, sans vouloir accuser qui que ce soit mais en demandant qu'à l'avenir ils placent des coffres sur les bateaux où entreposer ses effets de valeur.
Quoi qu'il en soit j'ai beaucoup aimé cette croisière qui a permis de découvrir des endroits que je n'aurais jamais pu voir autrement et de rencontrer les populations locales qui vivent dans ces îles dans le dénuement le plus total et qui pourtant sont très gentils, souriants et accueillants. Quant à l'organisation que je disais au début comme prenant des heures, en fait tout était bien organisé, c’est juste qu'il fallait que l'équipage trouve une vitesse de croisière, après ça roulait comme sur des roulettes et on avait tout le temps mille et une attentions, des collations fréquentes et des repas succulents même s'ils étaient axés sur les produits de la mer, croisière et frigo inexistant oblige. Mais ce n'est pas parce que je n'aime pas les fruits de mer que ça devrait moins me faire apprécier la traversée, je sais faire la part des choses. Aussi, hormis ce petit ennui d'argent volé, merci à Tao Philippines pour m'avoir fait passer un très bon moment et fait rencontrer des gens fabuleux.

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