A l'aéroport de Busuanga |
L'aéroport de Busuanga,
l’île où se trouve Coron est à une demie heure de l’hôtel.
J'y suis allé par un van guère plus grand que le van que j'avais en
Nouvelle-Zélande et plein de monde. J'étais coincé, complètement
recroquevillé à l'arrière sur un strapontin. Ils avaient mis les
bagages sur le toit et je me retournais de temps en temps pour
vérifier que l'on n'en perdait pas un. Car la route est épique. A
moitié une piste poussiéreuse qui semble mener nulle part,
traversée de cours d'eau à sec que l'on enjambe par des rondins de
bois pas fixés qui font de la musique en passant dessus. La terre
est archi sèche et à mon avais cela doit faire un bon moment qu'il
n'a pas plu. Même si le temps se couvre souvent dans l'après midi
depuis quelques jours, il ne s’en échappe aucune goutte. La route
évolue sur un genre de plateau avec des prairies à vache que la
Nouvelle-Zélande ne renierait pas. Ça ne fait pas du tout tropical.
L'aéroport est dans une brousse sans rien autour et me rappelle un
peu l'aérodrome de l’Île des Pins. Pour un truc où de nombreux
touristes transitent avec 4 compagnies différentes qui desservent
l’île, ça surprend.
Il me reste plein de
pesos que je ne peux pas échanger. Ce n'est pas plus mal car il y a
déjà une taxe de 20 pesos pour quitter Busuanga et je pense que
celle pour quitter Manille est bien plus élevée. D'un autre côté
j'ai dans l'espoir de trouver un appareil photo étanche au duty free
de Manille dont je pourrais payer une partie en cash. Au passage, je
ne sais pas pourquoi dans notre pays on se sent obligé de traduire
le nom des villes. Ce n'est pas Manille mais Manila. Ce n'est
pourtant pas plus difficile à prononcer. Idem pour Singapour qui
s'appelle Singapore. A Manille, comme je suis arrivé à l'heure
(j'avais prévu plusieurs heures de sécurité au cas où le vol de
Busuanga serait en retard), il y avait un vol pour Singapour qui
partait juste une heure plus tard. J'ai essayé de négocier avec la
compagnie, leur disant que j'avais un billet tour du monde avec des
conditions spéciales qui me permettaient de changer les dates et
heures à ma guise, ils n'ont rien voulu savoir, arguant que mon
billet était « restricted ». J'ai donc envoyé un mail à
Star Alliance pour leur signifier ce refus de changement et le fait
qu'en quittant Guam ils me demandaient de payer pour un second
bagage. La réponse n'a pas tardé à tomber (ils sont rapides comme
l'éclair). Mon billet prévoit bien 2 bagages quelle que soit la
compagnie empruntée. Leurs conditions ont changé l'été dernier et
ce n’est plus qu'un seul bagage mais comme mon billet a été
acheté avant, les anciennes conditions s'appliquent. Ils m'invitent
à contacter le service clientèle pour me faire rembourser les frais
qui me seraient demandés pour une second bagage. Si j'avais su, ça
m'aurait évité de jeter toute la nourriture que je venais d'acheter
à Guam pour l'expédition en kayak. Pour ce qui est des changements,
j'ai une classe tarifaire spéciale en principe ouverte sur tous les
vols. Comme le vol le plus proche pour Singapour venait de décoller,
ils n'ont pas pu vérifier. En tout cas je garde bien précieusement
leur mail que je ne manquerai pas de montrer la prochaine fois en cas
de problème.
A Manille, le duty free,
minuscule, ne vend que des parfums et du whisky, pas d'électronique.
Il faudra donc que j'attende Singapour. Je prévois d'y faire un saut
demain car le vol pour Bornéo n'est qu'en fin d'après midi le
lendemain aussi je ne me vois pas rester toute la journée dans
l'aéroport. La faute au vol pour l’île de Tioman que je ne verrai
pas à cause du billet qui a été annulé et qui devait partir dans
la matinée. En attendant le départ pour Singapour, je songeais à
mon périple philippin. Les destinations s’enchaînent tellement
vite à présent que c'est comme si je n'avais pas vu le temps
passer. Pourtant 21 jours c'est long. Peut être suis-je à présent
habitué à vadrouiller car depuis que j'ai quitté l'Australie je
trouve que les jours passent de plus en plus vite. A ce rythme je ne
vais pas voir arriver la date du retour. Je suis un peu triste de
quitter les Philippines. Chaque fois que je vois de belles choses et
que je garde de bons souvenirs, c'est comme si on m'arrachait une
partie de moi au moment du départ. Depuis le début de l'année, ce
n'est qu'un enchantement. J'ai juste eu une période de passage à
vide avec Fidji et la Nouvelle-Calédonie. Depuis je ne regrette
absolument pas mon itinéraire et je me dis que j'ai eu le nez creux.
J'espère que ça va continuer comme ça jusqu'à la fin !
Dans l'avion pour Singapour |
L'avion pour Singapour
est à moitié vide, de sorte que j'ai changé de place pour me
mettre au centre d'une rangée de quatre sièges où je pouvais
m'asseoir en tailleur et m'étaler sur les tablettes des autres
sièges. J'ai eu raison de choisir le plus possible mes vols hors des
week-ends, pour justement éviter les avions pleins à craquer et les
retards. Les hôtesses sont belles comme un cœur, tirées à quatre
épingles et maquillées comme des geisha. Elle sont aux petits
soins, allant jusqu'à se mettre à genoux pour ramasser les plateaux
repas afin de nous épargner le traditionnel coude dans l’œil !
Les services boissons n'en finissent plus, j'ai même eu droit avant
le repas à une bière et des graines grillées et à du vin dans une
vraie bouteille, servi au verre qui était très bon. Presque un
service de Business Class. Avant d’atterrir quand il faut éteindre
les appareils électroniques, j'ai eu juste une hôtesse qui m'a
soufflé dans un murmure qu'on allait bientôt atterrir et qu'il
faudrait que je pense à éteindre mon ordinateur en me demandant de
prendre mon temps. Une première ! Ça change des ordres
impérieux des autres compagnies qui pour un peu appuieraient sur le
bouton d'alimentation. Je sais que Singapore Airlines est parmi les
meilleures compagnies au monde. C'est pour cela que je l'ai choisie.
Et pourtant nous n’avions que 3h30 de vol, que je n'ai du reste pas
vu passer, occupé tout ce temps à taper sur l'ordinateur.
En arrivant à Singapour,
en voyant les lettres jaunes Singapore Changi Airport, j'ai eu un
pincement au cœur. J'arrive en effet là où tout va se terminer.
C'est d'ici que je rentrerai en France et j'ai l'impression d'avoir
terminé déjà la boucle. Drôle de sentiment. L'aéroport regorge
d'hommes d'affaires occidentaux en costume cravate au pantalon en
tergal, greffés à leur téléphone portable, le teint blafard et
l'air crevé qui portent sur eux toute l'horreur économique du
monde. Des messagers et esclaves du profit et des affaires peu
engageants qui marchent au pas de course comme si le monde tournait
grâce à eux. Je préfère les sourires des philippins qui n'ont pas
grand chose à part leur joie de vivre. Je suis bien content d'être
en short et en tongs avec ma mine radieuse et souriante qui me donne
un air crétin. J'aimerais que jamais ça ne s’arrête et surtout
pas retourner à un état comme l'un d'eux. Je ne suis pas encore
prêt pour ça, et ne sais même pas si je le serai à nouveau un
jour ! Je vais rentrer en France pour faire guide de montagne !
Pour récupérer les
bagages je devais passer l'immigration alors qu'il était écrit que
pour me rendre à l’hôtel je n'avais pas besoin car situé dans
une zone de transit dans l'aéroport. J'ai expliqué à l'agent qui
n'a rien voulu savoir, même avec le papier de l’hôtel qui disait
que je ne devais pas passer l'immigration. J'ai donc dû remplir un
formulaire. Il était dans les 21 heures et je devais encore attendre
deux heures de plus avant de me rendre à l’hôtel. En effet il est
un peu spécial, il propose un prix pour 6 heures de sommeil, après
chaque heure supplémentaire coûte le prix des six premières
heures. Il faut donc optimiser le truc, raison pour laquelle j'avais
réservé de 23 heures à 7 heures du matin. L’hôtel est situé
dans un autre terminal aussi j'ai dû prendre un métro automatique
qui était tout de suite là (un toutes les trois minutes). Rien à
voir avec l'aéroport de Manille où j'ai dû attendre longtemps
avant d'avoir un « bus » pour m'amener à un autre
terminal, bus de 12 places dans lequel tout le monde se ruait pour
être les premiers à entrer. J'ai même feinté en rentrant par la
porte du coffre pendant que les autres restaient sur le carreau. Un
bus de 12 personnes toutes les demi heures. A-t-on déjà vu ça ?
Quand je suis arrivé au
terminal 1, j'ai cherché comment me rendre à l’hôtel. Je me suis
adressé à un point information qui m'a dit que je ne pouvais pas
m'y rendre, qu'il était en zone de transit et qu'il me fallait une
carte d'accès à bord. Je n'aurais pas dû passer l'immigration.
Certes, mais quid des bagages ? Y a comme un problème ! En
fait je devais les laisser tournicoter sur le tapis et les récupérer
le lendemain au guichet de la compagnie. Mais ça, personne ne me
l'avait dit. D'un autre côté cela ne m'aurait pas enchanté de
savoir mon bagage à la disposition de tous une nuit entière,
surtout que j'avais dû enregistrer tous mes bagages, mon bagage à
main faisant 8,5 kilos alors que seuls 7 sont autorisés en cabine.
Au fait, petite parenthèse, ils m'ont pesé à Busuanga comme on
pèse un bagage. Verdict, 70,6 kg. Je n'ai perdu que deux kilos. Je
n'ai pas encore mon poids de jeune homme - 67 kg - que j'avais gardé
jusqu'à 35 ans. C’est toujours 3 kilos de graisse en trop. Quand
je parlais des gènes des philippins, eux n'ont pas ce problème...
Pour revenir à mon problème de transit, celui ci ne se règle pas
avec des fibres. J'étais coincé comme un rat. Impossible de
rejoindre l’hôtel. C'est absurde comme situation. Le centre
d'information a donc appelé un hôtel pas très loin qui me
réclamait la modique somme de 235 dollars (10 dollars de Singapour =
6 euros). Devant mon air peu enchanté, ils m'ont orienté vers un
centre de réservation d’hôtels situé dans le hall des arrivées.
Je n'en revenais pas, ça
c'est du service. Il y a un kiosque où ils ont en temps réel toutes
les chambres disponibles dans Singapour avec le nombre restant par
hôtel, le tarif et leur adresse. Il n'y a plus qu'à choisir. Ce
n'est pas en France qu'on aurait ça. Mais ce n'est pas fini, le
kiosque juste à côté offre des services pour se rendre en ville,
depuis la voiture de luxe jusqu'au van, qui déposent tous à la
porte de l’hôtel. Il n'y a même pas à dire au chauffeur où l'on
va, il le sait déjà, il a été briefé en coulisses. Bref, mon
petit contretemps n'aura pas été trop stressant et je ne me suis
pas trop angoissé, relativisant sur le fait que sur un voyage de 7
mois, il fallait bien qu'un truc comme ça arrive et que ce n'était
pas la fin du monde. Au final, l’hôtel n'est pas mal, je suis au
9e étage d'une tour, à l'avant dernier étage et je n'ai pas eu un
bruit de la nuit. J'avais aussi choisi cet hôtel car il restait 22
chambres libres, comme ça j'aurais pu demander à changer au cas
où... L'avantage d’être dans le centre, c'est que demain je vais
pouvoir visiter un peu Singapour. Ou m'acheter un appareil photo qui
va sous l'eau. En définitive ça ne se goupille pas trop mal.
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