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lundi 5 mars 2012

Dernière excursion à Camiguin


Mon bungalow
Maintenant qu'il me semble avoir fait le tour de Camiguin, j'étais un peu perplexe ce matin en me demandant au carrefour : à droite, à gauche ? J'avais deux options : à gauche pour retourner aux sources d'eaux chaudes me prélasser, à droite vers... J'ai regardé la carte des curiosités, il y a des sources et cascades que je n'ai pas encore vues sur la cote ouest. Et comme c'est la plus spectaculaire, je me suis dirigé à nouveau vers le vieux volcan, dans l'idée cette fois d'aller jusqu'à Catarman pour revoir cette portion que j'avais fait sous la pluie il y a deux jours.
Juste après le vieux volcan, il y a un grand crucifix dans la mer, c'est Sunken Cemetery, un cimetière englouti dont je n'entends que du bien pour la beauté de ses fonds. Évidemment j'ai oublié mon matériel de plongée, aussi ça ne servait à rien que je m’arrête. C'est bien dommage car du rivage on voyait des massifs se dessiner avec de l'eau vert clair autour. 
C'est un endroit rocheux sans plage mais parfois c'est là où c'est le plus joli, comme à Sainte Lucie où je me rappelle un spot de snorkeling à tomber le long d'un à pic d'une montagne. J'ai continué jusqu'à Bura Soda Springs dont je n'ai pas compris l’intérêt du site. C'est une espèce de piscine alimentée par une rivière. Certes l'eau provient des montagnes mais à part ça cela reste un bassin en béton avec des chaises longues. Ça ne méritait pas que je m'y arrête. De toute façon le paysage est suffisamment joli pour être une fin en lui même. Les attractions sont juste un moyen pour moi de me balader et d'offrir des vues dans la jungle et sur le mont Hibok Hibok ou ses voisins, les monts Manbajao et Timpoong, tout aussi photogéniques.
Depuis Bura Soda, la route continue sans que l'on ait besoin de faire demi tour et semble retourner en contrebas, vers la route qui ceinture Camiguin, dans ce qui ressemble à une épingle à cheveux. 
En fait cette route permet de mener à une autre attraction, Tuasan Falls, fléchée à 3,9 kilomètres d'un carrefour. Je me suis emmanché là dedans mais rapidement la route s'est transformé en piste de terre défoncée avec des racines et des ornières dues à des engins de chantier. Ça grouillait de monde là dedans, des villageois prompts à me saluer et des jeunes casqués affairés à construire une route jusqu'aux chutes. Et j'avais l’ordinateur dans mon sac en mode veille pour essayer de me connecter d'un autre endroit car ce matin le wifi était en panne au gîte. Avec les secousses ce n'est pas conseillé pour le disque dur qui risque d’être endommagé et donc de perdre son contenu.
Je ne mets plus le casque, c'est une vraie torture sous les tropiques et je comprends pourquoi personne ne le met alors que c'est censé être obligatoire. Avec un casque on est tout le temps à transpirer et à avoir le cuir chevelu qui gratte. Je suis mieux cheveux au vent ! 
Tuasan Falls
On ne peut pas accéder aux chutes, la piste de terre part vers la fin en une pente vertigineuse que je n'aurais pas pu remonter et avec une pelleteuse au bout occupée à débroussailler et à abattre les arbres pour continuer le tracé du chemin. Je suis monté sur un monticule de terre, offrant une belle vue sur la vallée avec des bassins tout en bas. C'est ça les cascades. C'est plus des piscines naturelles à plusieurs niveaux. Un groupe de 4 jeunes est arrivé et m'a demandé de les suivre. Je les regardais faire, ils sont descendus par un monticule de terre haut de je ne sais combien de mètres, dévalant ça parmi des rochers qui roulaient autour d'eux et qu'ils faisaient se détacher sur leur passage, incapables de stopper leur chute, le sol se dérobant sous leur pas. On a avait l'impression qu'ils faisaient du ski. Ils se sont retenus un moment à arbre, me pressant de venir. Je ne suis pas fou, j'ai jugé que la situation était trop dangereuse pour valoir la peine. 
Tuasan Falls
Et même si j'arrivais au fond de la gorge, comment je remontais ? De plus une fois en bas, ils auraient tôt fait de me détrousser si l'envie leur en disait. Comme la pelleteuse reculait, j'ai dû retourné à la moto que j'avais laissée en plein milieu d'une ornière, en haut de la côte. Mon prochain but : me rendre à Catarman pour prendre de l'essence car je ne suis pas certain d'en avoir suffisamment après tous ces détours. Je suis tout le temps à ouvrir le réservoir pour regarder le niveau. Car la jauge est cassée, elle indique toujours que c'est vide.
A la station service, les feuilles de papier « Sorry, out of stock » fleurissaient, semant la panique. Comment allais je rentrer alors que je pensais ne pas avoir suffisamment d'essence ? C'est la seule station de tout le secteur. Il y avait juste une pompe avec rien d'écrit dessus, sans doute la feuille se sera détachée sous l'effet du vent. Je suis quand même allé demander timidement. Miracle, ils en avaient juste à cette pompe.
Merci à Jésus qui me sourit depuis son effigie en plastique accrochée au guidon ! J'ai ainsi pu aller voir une autre curiosité, en toute tranquillité : Santo Nino Cold Springs. Là encore un site sans grand intérêt, le même système de piscine qu'à Bura Soda, les gens et les commerçants en plus. Peut être parce qu'il était plus tard. Les touristes arrivaient par quelques motos taxi, ces espèce de pousse pousse qui sont en fait une moto insérée dans un châssis en bois, vraisemblablement fait main, où des bancs sont disposés. C'est minuscule, on a l'impression de rentrer dans un confessionnal et il faut se pencher bien bas si on ne veut pas se cogner. A l'intérieur on ne sait pas quoi faire de ses jambes. Je ne vois pas à Camiguin de japonais, la destination est sans doute trop roots pour eux. A la place je vois des gens typés un peu différemment, des Coréens je pense. Les touristes ne se distinguent que par le fait qu'ils sont en groupe et plus gros que les Philippins. Plus clairs de peau aussi.

White Island

Aux sources, j'ai été accueilli par une dame qui me proposait une noix de coco fraîche à boire. Quelle bonne idée ! Je lui ai dit OK, mais une fois que j'en aurais fini avec l'attraction. En fait je ne suis même pas rentré, le droit d'entrée était de 60 pesos pour 4 heures alors que je ne comptais y rester que quelques minutes, le temps de me rafraîchir tout au plus. Je suis donc retourné sur le parking. Entre temps le prix de la noix de coco avait baissé : 20 pesos au lieu de 28 (soit moins de 50 centimes d'euro). A ce tarif on aurait tort de s'en priver et ça fait très longtemps que je n'ai pas vu quelqu'un proposer des jus de noix de coco. Je n'ai même pas souvenir en avoir dégusté une seule depuis le début de mon tour du monde. Un comble pour un parcours dans les tropiques pendant plusieurs mois ! La noix de coco était au frais, dans un petit bassin creusé le long de la rivière, façon barrage de gosse. En deux temps trois coups de machette je l'ai retrouvée dans les mains, scalpée avec une paille dedans.
Je suis allé m'asseoir à l'ombre, observant les gens vivre leur vie autour de moi. Il y a quelques cases de l'autre côté de la rivière avec des trucs qui fume. Les gens et les chiens traversent la rivière par un tronc d'arbre qui sert de pont. Les gosses s'amusent à faire peur aux chiens pendant qu'un jeune cochon couine alors que quelqu'un l'a pris sous le bras pour le flanquer à l'eau, question de le nettoyer en le brossant. Un local avec des dents en moins, Mario, est venu me parler pendant que je sirotais une noix de coco inépuisable, parlant un anglais dont il ne connaissait que quelques mots. Au bout d'un moment il m'a sorti une carte en plastique présentant des plats dont les noms m'étaient étrangers. Il m'a montré un endroit où ils préparaient des trucs dans des marmites à même le sol, parmi les chiens et les crottes de poule. J'avais le choix entre du porc, du poulet ou du bœuf, le tout avec du riz et une bonne tourista garantie ! J'ai décliné son offre par un petit mensonge comme quoi le déjeuner m'attendait au gîte. Qu'est ce tu veux dire d'autre pour sortir de là vivant ? Parfois il vaut mieux ne pas voir comment sont préparées les choses.
3 sur une moto + un bébé!
En parlant de bœuf, les vaches ici sont différentes. Elles sont blanches et cagneuses avec de longues cornes retournées qui pendent le long de leur tête comme des boucles d'oreille. Elles ont un piercing à la narine avec une ficelle qui les retient à un arbre.
La noix de coco était le supplice de l'eau ! Plus je plongeais la paille dedans plus il en venait. Je ne sais pas combien ça contient mais j'avais l'impression d’être face à ses chapeaux de prestidigitateurs d'où des nœuds de torchons n'en finissent plus de sortir ! Et pas question de l'emporter pour consommer le reste plus tard, c'est très encombrant, ça prend les deux mains entières et ça pèse un lingot d'or. J'étais contraient de finir ça ici, alors que je n'avais plus soif. Ça ne sert à rien de se trimbaler des bouteilles d'eau, la noix de coco coûte moins cher et dure plus longtemps ! Quand enfin j'en ai vu le fond, alors que je cherchais une poubelle pour la jeter, la dame est revenue pour me demander si je voulais qu'elle l'ouvre pour manger la pulpe à l'intérieur. Après quelques coups de machette j'ai eu la noix de coco transformée pour une seconde vie, tranchée en deux avec une cuillère qu'elle avait conçue avec sa machette dans la coque verte de la noix. Et ça s’est poursuivi en supplice de la faim ! La gelée à l'intérieur était assez consistante et ressemblait plus à de la chair de noix de coco molle. Va manger l'intérieur d'une noix de coco en une fois ! C'est très bon mais au bout d'un moment c'est écœurant et l'estomac n'en peux plus. J'en ai donc mangé la moitié et jeté le reste, après avoir pris soin de vérifier qu'il n'y avait personne pour me voir faire. Jeter de la nourriture quel crime ! Surtout quand c'est naturel et bon comme ça. Mais c'est juste trop pour une seule personne. J'en avais proposé à Mario mais il n'en voulait pas.
Sur le chemin du retour je me suis arrêté à une pizzeria sur le bas côté, peu avant le gîte, censée être italienne, surtout parce qu'elle proposait le wifi. Ici ça fonctionnait parfaitement, j'ai pu mettre le blog à jour. Alors que je mangeais le propriétaire de la moto est passé par là et m'a demandé si j'en avais encore besoin. Le pauvre ne comprenait rien à l'anglais et disait oui quand je lui ai demandé de choisir entre récupérer la moto maintenant et attendre que je finisse de manger pour qu'il me ramène au gîte ou bien récupérer la moto à 17 heures comme ce qu'on avait convenu. On n'allait pas s'en sortir ! Je lui ai donc laissé la moto - je n'en avais plus besoin - et je suis rentré en pousse pousse. Ce n'est pas que c'était très long, à peine un kilomètre mais avec la chaleur j’avais la flemme, surtout quand la course revient à 8 pesos (15 centimes). Chemin faisant quelqu'un a voulu monter à bord mais quand le conducteur l'a vu, on l'avait dépassé. Il a donc freiné et fait marche arrière...en reculant avec ses pieds qui sortaient par dessous l'habitacle en bois !
Il était 15 heures une fois au gîte, aussi j'ai pris possession d'un transat sur la plage que j'ai aménagé avec le paréo et faisant oreiller avec le T-shirt, avant d'aller me baigner. Juste à ce moment le ciel est devenu tout gris, sans doute à la faveur d'un tour de nuage du Mont Hibok Hibok qui passait par là. Les nuages tournent comme sur un disque, ils passent et repassent une fois qu'ils en ont fait le tour complet. Je connais la musique. Alors que j'étais dans l'eau, me tournant et me retournant délicieusement dans l'eau en faisant la planche et en disant à voix haute « Ah, qu'est ce qu'on est bien », une vague m'a flanqué au même moment une gifle qui m'a fait boire la tasse, comme pour me couper le caquet ! Sur la plage il y avait un type assis avec un chien assis sur son derrière et la tête en avant entre ses bras qui se laissait épouiller pendant que son maître jetait au loin la vermine qu'il avait réussi à arracher. Pendant ce temps le chien frétillait de la queue, trop content de se faire débarrasser de ces choses. Pour ma part, je sentais les démangeaisons arriver ! A peine sorti de l'eau je me suis éclipsé de la plage, le transat étant soumis à des bourrasques de vent qui me donnaient la chair de poule. Décidément je n’aurais jamais réussi à aller à la plage dans l'après midi à Camiguin, sauf le jour de White Island.
J'ai demandé à Michelle de me réserver une navette pour le port puis un taxi de Balingoan à Cagayan pour demain. Je n'ai pas fait appel au type qui m'avait laissé son numéro car c'est délicat de demander un téléphone pour l'appeler, sans être vraiment sûr qu'il sera là à m'attendre, alors que le gîte propose le même service pour 10% de plus. J'ai donc opté pour la facilité et la sécurité. Je passe pas mal de temps sur l'ordinateur au point que les gens m'ont demandé si j'écrivais un livre car ils me voient tout le temps pianoter au restaurant. C'est sûr que ça ne favorise pas beaucoup les contacts et que Michelle doit se demander ce que je suis venu chercher là pour passer mon temps à l'ordinateur, passant pour un de ces geeks pendus à leurs machins électroniques. Mais c'est temporaire, la faute à l'expédition en kayak qui m'a mis en retard. En plus, tout le monde me réclame des photos des Philippines alors il fallait que je torche mon récit de Palau au plus vite. C'est chose faite, tout est rentré dans l'ordre. Par contre cela ne m'a pas calmé pour autant pour l'ordinateur car il me reste à planifier les activités sur Palawan et à Bornéo. A Bornéo comme j'arrive une semaine plus tôt, tous les tours que je m'étais arrangé pour réserver sont sur la seconde semaine. Pas question que je reste à Kota Kinabalu une semaine. Il paraît que la ville est insupportable et je veux bien le croire, avec ses 350 000 habitants, ça doit grouiller de monde, être le bordel et bruyant. Du coup, je suis en train de louer une voiture là bas, pour me permettre de rayonner car les tours opérateurs que je contacte me ferment la porte au nez sur leurs excursions car il faut à chaque fois être un minimum de 4. A croire que tout le monde voyage comme les japonais, en groupe ! Je vais donc me débrouiller par moi même, j’espère trouver une carte de l'état de Sabah mais je crois que je rêve un peu : on est en Asie ! Sur Palawan j'essaye aussi d'organiser des tours en kayak dans l'archipel de Bacuit, le plus beau coin des Philippines. Mais comme j'ai l'hébergement de réservé, je ne ferai vraisemblablement que des tours à la journée. Je rêve de monter à nouveau sur un kayak allant d’îles vierges en îles vierges !

White Island

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