Il y avait quelque chose
que j'avais oubliée de faire hier, pris par l'affaire de
l'orang-outan et le pont de singe, c'est de visiter la ferme aux
papillons à Poring Hot Springs. J'ai donc remédié au problème ce
matin. Dès l'entrée on pénètre dans un jardin tropical avec plein
de fleurs, des petits ruisseaux qui glougloutent et des papillons qui
virevoltent. Je pensais être arrivé déjà sur les lieux mais
j'avais tort. Plus loin, il y a une grande volière avec plein de
papillons qui essayent de s'échapper. On pénètre par un sas dont
les issues sont protégées par des chaînes métalliques. On est
tout de suite accueilli par de gros papillons qui nous foncent dessus
comme des chauve souris. Si l'on reste immobile trop longtemps, on
peut même en avoir qui se posent sur l'épaule. Ça m'est arrivé et
quand on réalise qu'on a un truc là où l'on ne devrait rien avoir
on a le réflexe tout de suite de s'ébrouer dans la panique.
Pour
les autres c'était pareil, il y avait une fille qui avait un
papillon autour d'elle qu'elle chassait en hurlant. Ce n'est quand
même pas bien méchant un papillon... Elle s'est faite engueulée en
plus par son ami qui voulait sans doute la prendre en photo avec un
papillon sur la tête. J'ai essayé moi aussi d'en avoir un autre qui
se pose pour immortaliser l'instant mais ces choses là doivent le
sentir et préfèrent se poser incognito.
Prendre un papillon en
photo quand on n'a pas un appareil reflex, c'est quelque chose qui
use les nerfs ! La mise au point ne se fait jamais sur le bon
endroit, même si on est en face. Ce sera soit sur l'arbre derrière
ou sur une feuille dans le coin. En plus ils bougent tout le temps,
on n'a pas le temps de viser qu'ils sont déjà repartis. Plutôt que
de leur courir après, j'ai donc changé de méthode. J'ai préparé
la mise au point bien tranquillement sur une fleur qui offrait déjà
en elle même un bon sujet. Ne restait plus qu'à attendre l'insecte.
J'avais repéré qu'ils venaient tous sur cette fleur, ça n'allait
pas tarder. Sauf que la fleur en question c'est une sorte
d'inflorescence et les bestioles ne venaient jamais butiner au bon
endroit, préférant être hors champ. Pendant ce temps j'étais en
plein soleil, le T-shirt trempé et des crampes dans les bras et les
épaules à tenir l'appareil à bout de bras le doigt crispé sur le
déclencheur.
Je me suis vite lassé de ce petit jeu fatiguant, me
résignant à n'avoir aucune photo de ces jolis papillons. Il y en a
de toutes les sortes. Les plus gros finissent dans les mailles d'une
toile d'araignée pas folle qui a trouvé là un excellent
emplacement. Malgré tout j'ai réussi à approcher certains
spécimens particulièrement léthargique, leur collant quasiment
l'objectif dessus.
Après tous ces efforts
je suis retourné faire mes ablutions dans les baignoires en plein
air mais comme c'était le matin, il fallait les remplir et ça
prenait des heures. J'ai donc barboté dans 5 centimètres d'eau qui
ont dû finir en 10 centimètres à la fin. Je n'ai pas attendu que
ça se remplisse complètement, ayant pris la pire avec l'eau qui
coulait dans un mince filet, raison pour laquelle elle était
libre ! Au final, j'ai repris la voiture, question de retourner
au Mont Kinabalu, à l'endroit où j'avais dormi le premier jour.
Des bambous de 35 mètres, y a des pandas qui se perdent! |
En
effet j'avais repéré un livre sur Sabah dans une boutique de
souvenirs. J'ai essayé depuis de le trouver sur internet pour une
expédition en France mais ça revient trop cher en frais de port. Et
comme mon livre sur Palau ne fera vraisemblablement pas le voyage de
retour (il est toujours à sécher sur le tableau de bord et son état
s'aggrave d'heure en heure, paix à son âme !), je peux
m’encombrer d'un nouveau livre en échange. Par ailleurs je n'ai
pas d'internet à Poring Hot Springs alors qu'au mont Kinabalu ils en
ont. Ce n’est pas faute d'avoir essayé ce matin. L’hôtel
m'avait envoyé vers un « cyber-café », une espèce de
case toujours fermée avec des ordinateurs des années 90. J'ai fait
le pied de grue un bon moment en attendant que ça ouvre, assis sur
un tabouret de bistro en mousse dont la moitié avait été grignotée
par les rats, avant de m'adresser à quelqu'un dans la rue qui gisait
parmi des chiens estropiés et qui m'a aiguillé - dans un sourire
dont il ne restait que deux incisives - vers un autre hôtel, un truc
de backpacker sordide où la préposée écoutait de la musique sur
You Tube en suçant son pouce.
Elle a été gentille, elle m'a donné
le code pour le wifi. Sauf que ce ne devait pas être le bon. Chaque
fois le système me demandait de le ressaisir. La patronne est
arrivée à la rescousse entre deux étendages de linge. Ils ne
parlaient quasiment pas anglais dans ce truc, on parlait en
onomatopées que l'orang-outan d'hier aurait comprises. Elle est
allée faire un tour dans l'arrière boutique traficoter quelque
chose. Je lui ai montré que ça ne marchait toujours pas et elle est
retournée à son linge sans mot dire, dépassée pas les événements.
J'ai cru qu'elle allait revenir, non elle s'en foutait. L'autre
continuait à sucer son pouce sans me regarder, pas plus concernée
par mon problème. Et pour cause, elle recevait internet par un
câble. Crois tu qu'elle me l'aurait filé le temps que je mette le
blog à jour ? J'ai compris dans quoi j'étais tombé et suis
parti dignement, en leur répétant que leur code n’était pas le
bon.
Non je ne suis pas au Tyrol! |
Aujourd'hui est une
journée radieuse. C'est bien simple, le mont Kinabalu est presque
entièrement dégagé, c'est exceptionnel. Du coup j'ai l'impression
d’être dans un autre endroit. Je suis retourné manger sur la
terrasse du premier jour, au soleil. Par contre dès que je m'y suis
installé le mont a à nouveau disparu derrière des nuages sortis de
je ne sais où, étant donné que le ciel était bleu sans nuage.
Avant que tout ça dégénère et ne me retombe dessus, je suis allé
faire un tour sur un sentier que je n'avais pas encore exploré. Il
en reste d'ailleurs plein d'autres. J'ai choisi de me balader le long
d'un ruisseau. Avec les rayons du soleil de l'après midi plus dorés
qui perçaient la canopée c'était merveilleux. Ça fait un peu
comme quand les rayons du soleil filtrent dans une cathédrale à
travers des vitraux. Sauf que la lumière offre toute la palette des
verts possibles et imaginables. Il n'y a rien de plus beau qu'un
rayon de soleil qui traverse une feuille quand on la regarde à
contre jour. Malheureusement je n'ai pas eu l'occasion de trop
m'éterniser, devant rentrer sur Kota Kinabalu avant la soirée, en
raison des deux heures de route restantes. La route était pleine de
bus, créant des bouchons impossibles à doubler. Évidemment je
n'avais pas pensé à ça, c'est tous les retours des excursions au
Mont Kinabalu.
Quand je suis arrivé à
l’hôtel, il y avait toujours la réceptionniste de la dernière
fois qui s'amuse à apprendre des mots français. Elle voulait savoir
tout ce que j'avais fait. Je pensais tenir un scoop en lui parlant de
l'orang-outan, tout content de ma trouvaille. Elle a gâché mon
effet en répondant : « Oh you saw Jackie ! ».
En fait cette bestiole est célèbre dans tout le secteur pour ses
incursions dans notre monde. Tous ses précédents clients qui se
rendent à Poring Hot Springs lui envoient les photos de Jackie. Des
photos où l'on ne lui épargne rien, l'affublant d'une casquette ou
de lunettes de soleil ! C’est devenu une mascotte et ils
pensent dans le parc l'envoyer à Sepilok, le centre de
réhabilitation qui recueille les orangs-outans esseulés. Jackie a
son petit caractère. Elle n'aime que les mangues et jette à la
figure du visiteur les bananes qu'on lui donne, tel un boomerang !
Il ne faut ps non plus trop s'en approcher car elle a tendance a être
envahissante et à prendre les gens dans ses bras sans qu'on puisse
sans défaire. Ces bêtes là ça a de la force. Et mieux vaut ne pas
les contrarier !
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