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dimanche 25 mars 2012

Retour au Mont Kinabalu


Il y avait quelque chose que j'avais oubliée de faire hier, pris par l'affaire de l'orang-outan et le pont de singe, c'est de visiter la ferme aux papillons à Poring Hot Springs. J'ai donc remédié au problème ce matin. Dès l'entrée on pénètre dans un jardin tropical avec plein de fleurs, des petits ruisseaux qui glougloutent et des papillons qui virevoltent. Je pensais être arrivé déjà sur les lieux mais j'avais tort. Plus loin, il y a une grande volière avec plein de papillons qui essayent de s'échapper. On pénètre par un sas dont les issues sont protégées par des chaînes métalliques. On est tout de suite accueilli par de gros papillons qui nous foncent dessus comme des chauve souris. Si l'on reste immobile trop longtemps, on peut même en avoir qui se posent sur l'épaule. Ça m'est arrivé et quand on réalise qu'on a un truc là où l'on ne devrait rien avoir on a le réflexe tout de suite de s'ébrouer dans la panique. 
Pour les autres c'était pareil, il y avait une fille qui avait un papillon autour d'elle qu'elle chassait en hurlant. Ce n'est quand même pas bien méchant un papillon... Elle s'est faite engueulée en plus par son ami qui voulait sans doute la prendre en photo avec un papillon sur la tête. J'ai essayé moi aussi d'en avoir un autre qui se pose pour immortaliser l'instant mais ces choses là doivent le sentir et préfèrent se poser incognito.
Prendre un papillon en photo quand on n'a pas un appareil reflex, c'est quelque chose qui use les nerfs ! La mise au point ne se fait jamais sur le bon endroit, même si on est en face. Ce sera soit sur l'arbre derrière ou sur une feuille dans le coin. En plus ils bougent tout le temps, on n'a pas le temps de viser qu'ils sont déjà repartis. Plutôt que de leur courir après, j'ai donc changé de méthode. J'ai préparé la mise au point bien tranquillement sur une fleur qui offrait déjà en elle même un bon sujet. Ne restait plus qu'à attendre l'insecte. J'avais repéré qu'ils venaient tous sur cette fleur, ça n'allait pas tarder. Sauf que la fleur en question c'est une sorte d'inflorescence et les bestioles ne venaient jamais butiner au bon endroit, préférant être hors champ. Pendant ce temps j'étais en plein soleil, le T-shirt trempé et des crampes dans les bras et les épaules à tenir l'appareil à bout de bras le doigt crispé sur le déclencheur.
Je me suis vite lassé de ce petit jeu fatiguant, me résignant à n'avoir aucune photo de ces jolis papillons. Il y en a de toutes les sortes. Les plus gros finissent dans les mailles d'une toile d'araignée pas folle qui a trouvé là un excellent emplacement. Malgré tout j'ai réussi à approcher certains spécimens particulièrement léthargique, leur collant quasiment l'objectif dessus.
Après tous ces efforts je suis retourné faire mes ablutions dans les baignoires en plein air mais comme c'était le matin, il fallait les remplir et ça prenait des heures. J'ai donc barboté dans 5 centimètres d'eau qui ont dû finir en 10 centimètres à la fin. Je n'ai pas attendu que ça se remplisse complètement, ayant pris la pire avec l'eau qui coulait dans un mince filet, raison pour laquelle elle était libre ! Au final, j'ai repris la voiture, question de retourner au Mont Kinabalu, à l'endroit où j'avais dormi le premier jour. 
Des bambous de 35 mètres, y a des pandas qui se perdent!
En effet j'avais repéré un livre sur Sabah dans une boutique de souvenirs. J'ai essayé depuis de le trouver sur internet pour une expédition en France mais ça revient trop cher en frais de port. Et comme mon livre sur Palau ne fera vraisemblablement pas le voyage de retour (il est toujours à sécher sur le tableau de bord et son état s'aggrave d'heure en heure, paix à son âme !), je peux m’encombrer d'un nouveau livre en échange. Par ailleurs je n'ai pas d'internet à Poring Hot Springs alors qu'au mont Kinabalu ils en ont. Ce n’est pas faute d'avoir essayé ce matin. L’hôtel m'avait envoyé vers un « cyber-café », une espèce de case toujours fermée avec des ordinateurs des années 90. J'ai fait le pied de grue un bon moment en attendant que ça ouvre, assis sur un tabouret de bistro en mousse dont la moitié avait été grignotée par les rats, avant de m'adresser à quelqu'un dans la rue qui gisait parmi des chiens estropiés et qui m'a aiguillé - dans un sourire dont il ne restait que deux incisives - vers un autre hôtel, un truc de backpacker sordide où la préposée écoutait de la musique sur You Tube en suçant son pouce. 
Elle a été gentille, elle m'a donné le code pour le wifi. Sauf que ce ne devait pas être le bon. Chaque fois le système me demandait de le ressaisir. La patronne est arrivée à la rescousse entre deux étendages de linge. Ils ne parlaient quasiment pas anglais dans ce truc, on parlait en onomatopées que l'orang-outan d'hier aurait comprises. Elle est allée faire un tour dans l'arrière boutique traficoter quelque chose. Je lui ai montré que ça ne marchait toujours pas et elle est retournée à son linge sans mot dire, dépassée pas les événements. J'ai cru qu'elle allait revenir, non elle s'en foutait. L'autre continuait à sucer son pouce sans me regarder, pas plus concernée par mon problème. Et pour cause, elle recevait internet par un câble. Crois tu qu'elle me l'aurait filé le temps que je mette le blog à jour ? J'ai compris dans quoi j'étais tombé et suis parti dignement, en leur répétant que leur code n’était pas le bon.
Non je ne suis pas au Tyrol!
Aujourd'hui est une journée radieuse. C'est bien simple, le mont Kinabalu est presque entièrement dégagé, c'est exceptionnel. Du coup j'ai l'impression d’être dans un autre endroit. Je suis retourné manger sur la terrasse du premier jour, au soleil. Par contre dès que je m'y suis installé le mont a à nouveau disparu derrière des nuages sortis de je ne sais où, étant donné que le ciel était bleu sans nuage. Avant que tout ça dégénère et ne me retombe dessus, je suis allé faire un tour sur un sentier que je n'avais pas encore exploré. Il en reste d'ailleurs plein d'autres. J'ai choisi de me balader le long d'un ruisseau. Avec les rayons du soleil de l'après midi plus dorés qui perçaient la canopée c'était merveilleux. Ça fait un peu comme quand les rayons du soleil filtrent dans une cathédrale à travers des vitraux. Sauf que la lumière offre toute la palette des verts possibles et imaginables. Il n'y a rien de plus beau qu'un rayon de soleil qui traverse une feuille quand on la regarde à contre jour. Malheureusement je n'ai pas eu l'occasion de trop m'éterniser, devant rentrer sur Kota Kinabalu avant la soirée, en raison des deux heures de route restantes. La route était pleine de bus, créant des bouchons impossibles à doubler. Évidemment je n'avais pas pensé à ça, c'est tous les retours des excursions au Mont Kinabalu.
Quand je suis arrivé à l’hôtel, il y avait toujours la réceptionniste de la dernière fois qui s'amuse à apprendre des mots français. Elle voulait savoir tout ce que j'avais fait. Je pensais tenir un scoop en lui parlant de l'orang-outan, tout content de ma trouvaille. Elle a gâché mon effet en répondant : « Oh you saw Jackie ! ». En fait cette bestiole est célèbre dans tout le secteur pour ses incursions dans notre monde. Tous ses précédents clients qui se rendent à Poring Hot Springs lui envoient les photos de Jackie. Des photos où l'on ne lui épargne rien, l'affublant d'une casquette ou de lunettes de soleil ! C’est devenu une mascotte et ils pensent dans le parc l'envoyer à Sepilok, le centre de réhabilitation qui recueille les orangs-outans esseulés. Jackie a son petit caractère. Elle n'aime que les mangues et jette à la figure du visiteur les bananes qu'on lui donne, tel un boomerang ! Il ne faut ps non plus trop s'en approcher car elle a tendance a être envahissante et à prendre les gens dans ses bras sans qu'on puisse sans défaire. Ces bêtes là ça a de la force. Et mieux vaut ne pas les contrarier !

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