Je ne le savais pas mais
maintenant je le sais : le resort est haut perché, à 1900
mètres d’altitude ! A minuit 20 j'ai rêvé que je ne pouvais
pas dormir, que chaque fois que je m'endormais quelque chose de
gênant me réveillait. Sauf que le rêve était réalité et j'ai
très vite compris ce qui se passait. Le froid m’empêchait de
dormir comme il fallait. Ce n'est pas faute de dormir en chaussettes,
avec un sweat-shirt par dessus le T-shirt, un truc autour du cou,
dans un lit aux draps épais et avec une couverture. Apparemment ce
n'était pas suffisant. Car le resort n'est pas chauffé. Il y a bien
des radiateurs, les trucs roulants à bain d'huile, mais ils sont
uniquement dans les locaux où le personnel réside. Pas fous !
Et évidemment j'ai choisi le lit le pire pour ce qui est du froid :
il est coincé contre une grande fenêtre, dans un angle où une
autre fenêtre donne sur la tête.
J’avais fait exprès de me
mettre dans un coin, le plus loin de la porte pour moins entendre la
chambre d'en face aux problèmes de vessie où quelqu'un entre et
sort constamment en claquant la porte. Le froid ou les dérangements,
il faut choisir. Je préfère encore le froid ! Du coup j'en ai
rajouté une couche, un T-shirt à manches longues, rentrant tout
dans le calbute et rabattant la capuche du sweat-shirt pour éviter
les ponts thermiques au niveau du cou. Si je sens le froid sur mes
épaules, ça m’empêche de dormir. C'est la seule zone qui me
dérange. Ça et les pieds froids ! Mais on n'en est pas encore
là, je suis quand même dans un pays tropical ! Enfin, sur la
carte. Car ici c'est plutôt la Nouvelle-Zélande, version île du
sud.
Le scénario
météorologique d'hier s'est répété. Je suis donc sorti faire un
tour dehors dès 6 heures du matin et j'ai pu admirer à loisir le
sommet du mont Kinabalu, encore plongé dans l'obscurité tandis que
ses versants prenaient des couleurs dorées.
Encore une fois, je suis
vraiment à son pied sans vraiment le réaliser car ça ne dure pas
longtemps. A 8 heures quand j'ai émergé du dortoir, après mes
travaux d'écriture, tout était à nouveau dans les nuages, excepté
le resort qui était à la limite jusqu'à 10 heures. C'est normal
que le ciel se bouche plus vite qu'à l'autre resort car on est plus
haut. Comme les nuages descendent depuis les sommets, ils arrivent
donc plus vite. En allant prendre mon petit déjeuner, il y avait
toute une génération spontanée de grimpeurs qui étaient là à
faire la queue devant la grille du sentier qui mène aux cieux. Je ne
les avais pas vus au restaurant hier soir, aussi ils avaient dû être
pondus fraîchement du matin. Cette fois j'ai pris le repas sur la
terrasse, au soleil, face à la jungle. C'était divin. L'endroit est
reposant à souhait, c’est l'idéal pour venir ici en retraite,
pour méditer ou se refaire un moral. Si la pluie ne dérange pas
trop... On ne peut pas non plus avoir une forêt pluviale sans pluie.
Comme je me plais bien
ici, je suis allé à la réception pour faire prolonger mon séjour
d'une nuit. J’avais prévenu hier soir que je resterais peut être
une nuit de plus mais le gars ce matin m'avertit qu'ils attendent
beaucoup de monde et qu'en principe tout est complet. Mais en
vérifiant son registre, il m'a dit que c'était bon mais qu'en
revanche je devrais partager la chambre avec d'autres personnes.
Normal, c’est un dortoir. Adieu tranquillité chérie. Je me suis
demandé pourquoi on passait comme ça du tout au rien, ou plutôt du
rien au tout. Serait on un week-end ? En comptant sur mes doigts
et en remontant au dernier jour connu, je suis arrivé à la
conclusion qu'on était vendredi. Vendredi n'est pas samedi, c'est
étrange cet afflux de gens, je ne pense pas qu'ils viennent de
Bornéo. A moins que ce ne soit des gens de Singapour (j'en croise
beaucoup, avec leur place financière ils ont plein de sous) qui
prennent leur vendredi après midi pour venir ici aussitôt après le
bureau afin de faire l'ascension samedi et dimanche matin, en prenant
le dernier avion le dimanche soir. C'est un peu une folie mais c'est
possible. Ça doit donc être ça.
Ma place! |
J'ai demandé à
l'accueil s'il y avait des sentiers de randonnée à explorer autour
du domaine. Car ici c'est tellement encaissé que je ne vois pas où
aller. C'est comme si l’hôtel était dans un cirque. Il y a bien
un sentier qui part mais c’est celui du sommet, avec sa fameuse
grille. Le réceptionniste m'a conseillé un tour du jardin avec un
guide, qui commence justement d'ici peu. Il en coûte 10 ringgit.
Comme j'avais de l'avance, on m'a amené dans une salle intitulée
« mini theater » où j'ai eu droit à la projection sur
un grand écran d'un DVD du parc à l'aide d'un rétroprojecteur. Ça
n'avait rien d'un mini theater, il y a certaines salles de cinéma
qui ne sont pas plus grandes. C'était très intéressant. Ils ont
dans le parc une orchidée endémique qui est magnifique, tigrée, en
fines bandes. J'ai voulu prendre l'écran en photo mais le temps que
je farfouille au fond du sac, on était déjà passé au sujet
suivant.
J'ai appris que le parc national existe depuis 1964 et qu'il
y pleut 5 mètres d'eau par an. Ça fait beaucoup ! Pour la
rafflesia dont je parlais l'autre jour, je sais aussi pourquoi elle
pue. C'est fait exprès, c'est pour attirer les mouches. Car cette
fleur se reproduit non pas grâce aux abeilles mais grâce aux
mouches. Je ne savais pas qu'elles avaient leur utilité. Sinon le
Mont Kinabalu n'a pas fini sa croissance. Il est en fait d'origine
volcanique et continue de pousser de 5 millimètres par an, ce qui
donne selon mes calculs un mètre tous les 200 ans. Il prend sont
temps ! Hauteur actuelle : 4095 mètres.
La projection terminée,
un couple de singapouriens s'est joint à nous. Dès que je
m’arrêtais pour prendre une photo ils me demandaient à chaque
fois si je voulais être pris en photo. C’est l'Asie. Là bas toute
le monde se prend en photo devant n'importe quoi, ils ne font jamais
de photo sans quelqu'un devant.
C'est pas parce qu'il pleut que je devrais perdre le moral! |
J'aurais préféré être tout seul,
à prendre mon temps à farfouiller un peu partout. Au lieu de ça on
m'attendait. Je m'attendais à un jardin, un vrai, un jardin
botanique. Ce n'était en fait qu'une balade autour de la propriété.
J'aurais tout aussi bien pu le faire moi même. Le seul truc c'est
qu'il y a un chemin qui mène à la rivière avec un pont suspendu
dont l'accès est restreint par une grille dont la guide avait la
clef. Le chemin grimpe ensuite à flanc de montagne, parmi des
orchidées carnivores, celles qui ont un gros bidon ourlé de rouge
comme des lèvres avec un liquide au fond qui piège et dissout les
insectes qui tombent dedans. Je n'ai pas cherché à y mettre un
doigt pour voir si j'en ressortais avec l'os. Il y en a de plusieurs
races, certains de ces réceptacles sont mouchetés - c’est les
plus jolis - ou bien maronnasses et ce sont les plus grands - une
quinzaine de centimètres de haut environ. Le chemin se termine
ensuite en cul de sac.
J'ai été le seul à aller au bout, la
première à abandonner étant la guide. Tu parles d'une guide !
Il faut dire qu'en montant on était dans la brume et la pluie, on
peut pas dire que c'était très agréable. Évidemment il fallait
que je commence à randonner pour que la pluie commence. Un
classique ! J'ai terminé au parapluie, avant de rebrousser en
faisant bien gaffe car les marches du chemin étant en bois, j'avais
tendance à faire des pas de côté involontaires.
Je comprends pourquoi la
végétation est si dense. Les problèmes d'irrigation ils ne
connaissent pas ici. L’hôtel a une citerne grande comme une
piscine pour récupérer la pluie, elle déborde en permanence,
faisant la joie d'impatiens sauvages. Il y a des mousses qui
pendouillent de plusieurs dizaine de centimètres des branches, des
lichens, des champignons et même une curieuse fleur qui pousse à
même le sol, sans feuille ni tige, comme décapitée.
La fleur à même le sol |
Peut être est
ce un champignon, il y a tellement de choses étranges que je ne
serais pas étonné. On trouve aussi une multitude de bégonias, des
roses, des rouges, des blancs. Pour une fois ils sont sans pot !
Vous ne les verrez pas en photo, un bégonia, tout le monde connaît
ça. C'est comme si je prenais une poule ! En parlant bestiole, je
n'en ai pas vues. C’est désert de ce coté là, à part les
oiseaux qui se cachent haut dans la canopée et les grenouilles.
Paraît il dans le documentaire qu'il y aurait des singes qui se
nourriraient des fruits des différents arbres. S'ils le disent... On
attendra que je sois dans un autre coin la semaine prochaine pour
voir des bestioles. Car c'est la semaine prochaine que je pars en
safari animalier. C’est peut être là que j'aurai des sangsues...
Pour le déjeuner je me
suis mis en terrasse comme ce matin mais l'ambiance avait changé.
Comme quoi le soleil change tout.
Avant de m'asseoir, j'ai descendu
quelque marches et mes deux pieds ont dérapé sur une margelle. La
serveuse a poussé un cri d'effroi retentissant et s'est décomposée, mais agile
comme un singe, je me suis rattrapé à la rampe. Des Crocs mouillées
sur un carrelage bien lisse, ça ne pardonne pas ! Mon plat a
refroidit instantanément à cause du temps. Plus ça allait plus
j'avais froid et j'ai dû précipiter la fin du repas pour rester à
l'intérieur. Je comptais passer une partie de l'après midi dans la
salle avec l'ordinateur mais ils n'ont que des tables dressées aussi
je me voyais mal leur demander de retirer les couverts. J'aurais bien
tenté une autre randonnée sur le deuxième et dernier sentier, en
libre service celui là, mais la pluie a eu raison de ma volonté.
Pendant que j'écris, il
est 15:47 et il pleut de plus en plus dru. La luminosité est à son
minimum, je ne vois même pas les touches. Et je ne peux pas allumer,
ils coupent le courant de midi à 17 heures. Je me suis réfugié à
l'intérieur de la réception et même si j'aime bien ici, il ne faut
pas que ça s'éternise.
Les climats à la « Gorilles dans la
brume », ça va un temps, après on moisit. S'il ne pleuvait
pas, au moins je pourrais me promener. Mais ce qui me gène le plus
c’est le froid. Je vais donc redescendre demain, en quittant le
mont Kinabalu et son écharpe de nuages. J'ai eu une bonne pose
rafraîchissante, j'ai fait le plein d'ions positifs, d'oxygène et
de chlorophylle maintenant je veux de la chaleur. L'avantage c'est
qu'il n'y a pas à aller bien loin ! A Kota Kinabalu il y a un
parc national composé de 5 îles paradisiaques qu'on rejoint en
quelques minutes seulement de bateau. On peut y camper moyennant un
permis ou bien dormir sur l'une d'entre elles, dans un hôtel géré
par la même société qu'ici et avec les prix qui suivent en
fonction. Là encore on pouvait y dormir il y a trois ans pour 40
euros, maintenant c'est 250. J'aurais dû faire le tour du monde plus
tôt... En tout cas je dois laisser passer le week-end car la
destination est prisée par les habitants de Kota Kinabalu qui
viennent y passer la fin de semaine à pique niquer. La ville
comptant 300.000 habitants je vous laisse imaginer... Il me reste
donc encore deux journées à occuper avant de rentrer sur Kota
Kinabalu. J'ai bien une idée pour demain mais après je suis sec. Il
y a une région côtière aux belles plages au nord de Bornéo mais
ça fait trop loin, c'est à 300 kilomètres de Kota Kinabalu. Je
vais bien trouver à faire quelque chose, je ne me fais pas de souci,
on n'est pas à Paris...
Coucher de soleil sur Bornéo, 18:30 ce vendredi! |
Vivement que tu rentres il fait beau ici
RépondreSupprimer