La rivière Kinabatangan |
Mon avion est arrivé
trop tôt à Sandakan. J'étais au quartier général de l'oncle Tan
à 8h30, pour apprendre que le départ du safari ne serait qu'à
14h30. En fait il était prévu à l'origine que je me rende ce matin
au centre des orangs-outans, tout proche du QG. Mais comme j'ai un
hébergement à côté du centre la dernière nuit, ça ne servait à
rien que je m'y rende ce matin, disposant de plus de temps les deux
derniers jours. A la place je suis resté scotché à internet, en
profitant pour mettre à jour le blog quant à mon périple (plus à
jour avec les changements survenus en Australie) et j'ai créé un
index pour aider à s'y retrouver au sujet d'une destination bien
précise. Comme pour les messages, le plus récent vient en premier.
Je ne trouve pas cela très pratique, si on veut lire l'histoire
chronologiquement on ne peut pas. Et chaque jour n'est pas un jour
indépendant comme un épisode de Desperate Housewives. Tout se tient
et s’enchaîne, dans un suspense haletant. Je me fais ma propre
critique très humble !
J'ai lu les pages
d'accueil qu'ils nous ont données à lire. Elles reprennent les
informations qui figurent sur le site internet. On est mis en garde
contre le fait que le camp n'est pas exactement comme le Hilton, mais
plus comme quelque chose de spartiate constitué de huttes où des
matelas sont disposés à même le sol. J'aime bien leur philosophie.
Quelques extraits glanés de ci de là : «The floodwater may
rise high. Part of the camp may be under water. Toilets too may be
under water. It can be inconvenient. », « Macaques can be
mischievous at the camp area and are particularly attracted to things
in plastic bags. They can also unzip bags. Fortunately they have yet
to figure out combination locks », « Avoid bringing
strong intoxicating drinks into camp. It would not be nice when
someone gets drunk and spoils the holiday of others », « There
are no shops nearby the camp or in the surrounding jungle area.
Credit cards are completely useless in the jungle »,
« We
conduct our business in a friendly way and lots of things are done as
a matter of courtesy in friendship. Many business advisers tell us
that this is not good businesss approach. But we don't care !
This is our way. We are not calculative about tiny bits of this and
that. Similarly, it would be really nice if we receive the same
understanding and consideration in return », « Give due
respect to the wildlife in the area – they were there first and you
are in their home territory – be a good guest ». On va
essayer !
Nous ne sommes que deux à
être de la partie aujourd'hui. Un américain à qui j'évite de trop
parler car je ne comprends pas tout quand il me parle. Il est du
Texas, alors c'est comme s'il parlait avec la gorge. Quand je le
regarde, les lèvres ne bougent pas. C'est un ventriloque ! Les
gens vont et viennent dans ce safari. Il se déroule selon la
brochure sur trois jours mais en fait c'est deux jours pleins,
commençant l'après midi et finissant un matin. Mais ça fait plus
vendeur de dire trois jours !
Comme les excursions ont lieu tous
les jours, on croise le premier soir au camp ceux pour qui c'est le
dernier soir. Comme on n'est que deux, on s'est joint aux autres pour
les activités sur place. Car des safaris sont organisés tout au
long de la journée, différents selon les jours. Aussi comme on
commence par la fin, on fera le début demain avec un groupe de 6
personnes qui doit nous rejoindre. Le camp se situe le long de la
rivière Kinabatangan. Pour le rejoindre il faut prendre un van qui
roule pendant une heure trente avant de prendre une barque à moteur
pour une heure de plus. C'est une expédition ! Il faut bien ça
si on veut espérer rencontrer la vie sauvage. J'ai dormi dans le
van, je m’étais allongé au fond sur une rangée de trois sièges
avec mon oreiller et je me suis assoupi malgré les soubresauts.
Réveillé ce matin à 4h50, ça m'a fait le plus grand bien.
La hutte où j'ai mis la tente |
Le camp peut accueillir
89 personnes, c'est leur record. Je ne sais pas où ils avaient caser
tout ça car il y a en tout une dizaine de cases avec 5 matelas côte
à côte. Les cases sont sur pilotis dans une mangrove avec des ponts
de bois qui serpentent pour s'y rendre. Elle sont ouvertes sur la
nature. C'est juste un bout de tôle ondulée avec des planches en
bois sur 3 côtés. Comme promis les matelas sont sur les planches
mais des moustiquaires sont disposées au dessus de chaque matelas.
Rémy, un jeune qui semble juste sorti de l'école, celui qui gère
le camp et est là à demeure (il nous a appris qu'il avait 6 jours
de congés tous les mois qu'il cumulait tous les deux mois pour
rentrer chez lui à Sandakan), nous a mis dans la première case qui
venait, coincée entre le restaurant, la cuisine et le générateur.
Inutile de dire que j'ai fait un tour du propriétaire avant de
repérer les dernières huttes, vides, sans aucune aménagement.
C'est là où je vais poser la tente ce soir.
Dormir sur un matelas
mousse sous une moustiquaire ou sur mon matelas auto-gonflant dans
une tente, ça ne change pas grand chose. Seulement à être trop
isolé, la faune en profite pour s'agiter et émettre tout un tas de
sons. Les macaques ne cessent d'aller et venir en sautant de branches
en branches. Il y a plein de batraciens qui croassent aussi forts que
des aboiements et d'autres cris que je ne saurais dire de quelle
bestiole ça sort ! Ce n'est donc pas de tout repos et il a
fallu que je visite d'autres cases pour trouver le bon compromis.
D'un autre côté je ne vais pas me plaindre de la jungle, je viens
pour ça. Et comme dit l'oncle Tan, je suis sur le territoire des
bestioles qui vivaient là avant nous. Respect donc !
Après l'installation
nous avons été pris à part par Rémy qui nous a expliqué le
déroulement de notre séjour. Les safaris commencent dès ce soir,
un trek dans la jungle à la lumière de la torche à 21 heures
pétantes, pour mieux voir les bêtes qui à cette heure là
dorment et se laissent donc mieux approcher!
Et demain le
premier commence à 6h30. On ne vient donc pas ici pour dormir,
chaque safari durant de 1h30 à 2 heures. Les repas sont servis le
soir à 20 heures, avant les safaris. Il faut donc avoir la forme
pour s'emmancher 3 heures après la tombée de la nuit dans une
jungle assoupie, tout comme moi du reste, plus habitué à me coucher
à cette heure là que d'aller faire un trek ! Nous avons fait
la connaissance de l'autre groupe, 5 suédois et 1 espagnol. La nuit
dernière ils ont eu la visite de civettes et de rats qui ont pour
habitue de faire des trous dans les sacs dès qu'il sentent quelque
chose de sucré. Rémy nous a demandé de placer pâte à dentifrice,
savons, tout ce qui peut avoir une odeur suave dans des containers en
plastique, les suédois ayant eu un trou gros comme une pomme dans
leur sac à dos pour un gel douche !
Pour le trek, Rémy nous
a prêté des bottes. Fort appréciable car le trek a lieu en fait
autour du camp, dans la mangrove et la boue, les bottes restant
parfois engluées dans une marre un peu trop compacte.
Il ne faut pas
s'attendre à voir un éléphant, la dernière fois qu'ils en ont vu
ici c'était il y a un an et demi. Il faut en fait se contenter
d'oiseaux qui dorment et qu'on peut presque toucher, même s'ils sont
réveillés. En effet comme ils ne voient rien la nuit, ils ne
peuvent pas s’envoler sinon ils se cogneraient partout. On a vu un
martin pécheur, une chauve souris en train de manger un fruit, une
tortue, et des petites grenouilles en veux tu en voilà, rigolotes,
enroulées autour de rameaux comme des lianes. Il y avait aussi une
civette en haut d'un arbre qui nous regardait la tête penchée vers
le bas, effrayée. Elle était trop haut perchée pour que je puisse
la prendre en photo. Le problème avec un groupe, c'est qu'il faut
suivre le mouvement et la cadence. De plus de nuit, les gens
n'avancent pratiquement pas alors que je voudrais gambader là dedans
au risque de me vautrer dans la boue. Pourtant la clientèle qui
vient ici devrait être faite d’aventuriers et d'aventurières. Les
suédoises prenaient mille précautions pour plier une branche pour
passer, le petit doigt en l'air se retenant les unes aux autres pour
ne pas tomber. Question bestioles, rien de plus à signaler pour
aujourd'hui. L'autre jour je parlais de grosses prises, je ne pense
pas que ce soit le cas. Ce n’est pas grave, le cadre reste
enchanteur et qui sait, demain peut être que j'aurai un crocodile la
gueule ouverte attendant que je sorte de ma tente ! Déjà que
dans la nuit, alors que je dormais la tête face à l'ouverture, j'ai
senti un truc se poser sur la moustiquaire qui aurait bien aimé
aller au delà. On ne saura jamais de quoi il retournait !
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